Se croisent et s'entrecroisent les souvenirs dans les abîmes de notre esprit. Toujours en mouvement, vague après vague la mémoire fluctue comme une mer d'huile au clair de lune. A sa surface nos instants passés apparaissent comme de fugaces reflets sans cesse renouvelés par d'autres images, toutes aussi éphémères et incomplètes. Cet océan intérieur ondule au rythme de nos pensées et suit les courants de notre existence, parfois agités d'autres fois tranquilles. De temps à autres, nous nous plongeons encore un peu plus dans les profondeurs de notre psyché, sans doute pour y chercher quelques vestiges de ce que nous somme : notre Atlantide oubliée, cette citée qui a fondée notre personnalité, inculquée ses lois indicibles, fait de nous ce que nous somme : elle est la réminiscence de nous même.
Sitôt cette souvenance émergée des les flots amnésiques, notre regard se portent sur cette cité de ruines. Cette ville est à l’image d’un palimpseste, elle est composite : une stratification à la fois temporelle et spatiale. Sa sédimentation urbaine recouvre ses propre décombres. Il s'agit d'une métropole qui se battit sur ses propres vestiges, sa sempiternelle démolition permet son éternelle reconstruction : tel le palimpseste elle s’efface pour mieux s'écrire. Elle est l'image muette et mouvante de notre réminiscence.
Alors que l'apnéiste mémoriel remonte à la surface de son existence remémoré, il songe en un souffle : « comment puis-je être ce que ne cesse de fluctuer ? Comment puis-je me construire sur ce qui ne cesse de s’effondrer ? ».
D'existences en existences, de règnes en règnes, nos âmes oublièrent ce qu'elles furent autrefois. En des temps antédiluviens peut-être furent des miroitements au sein du Voile.
Anamnèse : le ressouvenir des limbes immémoriales.