Le songe de Isuki la morte ou le doux réveil en de beaux draps.
Je me débats pour garder mon équilibre, le vent souffle ses miasmes sur la terre désolée, les pieds dans la boue jusqu’au genoux, j’avance un pas à la fois. Le ciel sombre et terne remplit de pluie semble peser de tout son poids sur nous, comme si les nuages tentaient de nous enfoncer plus avant dans la boue qui nous entoure. Cette boue est l’ultime refuge de centaines de personnes, certains vivants, blessés ou mourants, d’autres ayant eu la chance de passer de vie à trépas rapidement.
Les jambes se lèvent, se posent sur le sol, s’enfoncent, tentant de trouver de la stabilité, elles la rencontre au contact d’un corps, d’un bouclier ou d’une armure, mais rien dans l’élément naturel ne vient en aide à celui qui progresse de cette manière.
Les cris se font plus forts, je leve les yeux au ciel pour apercevoir les premiers éclairs. L’orage maintenant. D’ici quelques heures, la terre se sera transformée en lac ou ne dépasseront que quelques braves… La ville est face à nous, enfoncée dans ses murs, nous attendant de pied ferme, nous narguant du haut de ses remparts.
Le voile qui couvre mon visage, vestige d’une tenue bien plus riche en début de conflit, parvient à masquer l’absence de souffle assez fort pour ne pas trahir mes difficultés à avancer. Je sabre, je frappe, de taille et d’estoc. Le bras m’en est courbaturé de frapper dans la chair, de frapper contre du métal, dans de l’os, la lame barbouillée en a même perdu de son tranchant tellement elle a servi en cette journée. Un sifflement me fait tourner la tête et une douleur m’informe que j’ai été touché. Une flèche, tirée par un archer d’exception, vient de me pénétrer dans le côté. Je grimace de douleur et me réveille en sursaut…
De mon lit d’auberge, je ne perçois que le bruit de l’eau qui coule dehors, sur les toits, le ruissellement des égouts à ciel ouvert que sont devenus les rues. Des souvenirs qui me hantent, c’est l’un des plus doux. Me suis-je fait réveiller par le rappel de cette douleur ou par les bruits qui courent dans le couloir ? A demi nu, je m’étire doucement vers ma dague et me dirige vers la porte de la chambre à travers laquelle un rayon de lumière vient à poindre. Aussi furtivement que mon corps peut me le permettre je me déplace dans un coin d’ombre pour me fondre dans celui-ci.. Un léger cliquetis vient à se faire entendre… Un voleur ? Un assassin ? Une bonne ou simplement un autre rêve ?
Mar 24 Mai - 10:04