La rumeur courait, ressassée des lèvres des chasseurs de trésors émérites. Était-ce de l’équipage du bon capitaine Mystérien, ou de l’aventureux et industrieux Capitaine Kyd, que les failles maritimes n’effrayaient pas? Peut-être était-ce en provenance d’un réchappé de Massoud, le clan autrefois prospère mais divisé en deux, dont les richesses semblaient dès lors à prendre, et les secrets, à vendre au plus offrant. On ne savait plus très bien. Mais, c’est en les bas-fonds du Port d’abord, que la rumeur avais pris naissance, charriée par la parole des débardeurs et autres matelots.
Ceux-là avaient le langage du lieu et du temps, les expressions graveleuses du port coupaient souvent court, quand on parlait de trésor. Les expressions se faisaient attentives et dévotes comme si en un temple un prêtre avait formulé parole consacrée.
Et c’était bien là, ce dont il était question. Un trésor. Et pas des moindres, une relique, disait-on.
Un objet, évoquait la rumeur, qui était dit profondément relié au Cycle vital. Il était dit que certains parmi les preux et les pieux surnommaient l’objet « Bâton d’Éliel ». D’autres, parmi les clans Eodh plus rustiques et préservant la tradition druidique, connaissaient la relique comme « Beltan », et corrélaient son existence à la sommité de la vie, et à la fête du feu se déroulant au solstice estival.
Un objet consacré, et de fait inestimable, à n’en point douter, digne d’attirer l’attention des purs et des preux… Mais aussi, des chasseurs de trésors, qui eux jugeraient bien l’objet estimable, en une vente au plus offrant une fois acquis. L’objet, peut-être, attirerait aussi l’attention de quelques intrigants, avide de pouvoir, ou de miner les cultes vertueux, et le conclave des mages de l’Arcaneum qui, peut-être, avait les mains trop pleines avec les failles se multipliant, pour intervenir à temps. Après tout, on disait que de rompre l’artefact en question, pouvait engendrer décennie de dérèglement du cycle et de tourment.
La rumeur voulait que l’objet se manifeste aux dix cycles, en un lieu d’une extrême pureté, en fin d’été et à la lune ascendante. L’exacte concordance des facteurs et dispositions propices échauffait les esprits. La rumeur, soufflait au cou des avides : et si, dans le voisinage de Menoch, on pouvait là, maintenant, le trouver?