La forêt était immuable, éternelle dans sa beauté sombre. C'était une nuit comme les autres, je volais librement, je chassais une proie, laquelle? Je ne sais plus.
J'allais piquer vers elle pour m'en emparer quand... Une fissure sombre se forma et je fus prise en son sein.
Je me retrouvais dans cette forêt verdoyante, lumineuse, le soleil me brûlait les yeux. Où étais-je?
Où était ma nuée? J'étais perdue dans cet endroit, sans comprendre pourquoi, ni comment.
Alors avait commencé mon exil, j'avais beau croasser après les miens, seuls les oiseaux me répondaient, fuyant apeurés. Des oiseaux d'ailleurs que je n'avais jamais vu et je compris alors que je n'étais plus chez moi.
Je passais du temps cachée, embusquée, prenant ce dont j'avais besoin pour me nourrir et survivre.
Un jour, je croisais des humains. Des humains... ils n'étaient dans mon monde que des légendes, des êtres d'un ailleurs lointain.
Prenant forme humaine, je me mis à les espionner, à essayé de comprendre ce qu'ils faisaient. J'étais curieuse et peu à peu je compris des mots, des brides de ce qu'ils disaient. Le temps passa irrémédiablement, je les regardais grandir, évoluer puis mourir, remplacés par leur descendance. Leur longévité semblait courte et leur existence simple. Les générations se suivirent encore et encore. Eodh, c'est ainsi qu'ils se faisaient appeler.
Ma vie était faite de solitude, de chasse et ce clan constituait pour moi la seule distraction. J'appris pas mal de choses avec eux, mais rien de ce que plus tard j'apprendrais avec Khejri ou Aeidan.
J'avais trouvé de quoi manger pour plusieurs jours, je venais de tuer un sanglier assez imposant quand un craquement derrière moi m'alerta. Un homme, il n'avait rien d'un Eodh, se jeta sur moi en criant "Bet Flam". Il tenait à la main un bâtonnet et au bout un dessin qui s'enflamma. Je pris mon envol mais je me retrouvais bien vite acculée contre une montagne. J'avais l'impression d'être encerclée et mes ailes ne répondaient pas comme d'habitude. Il se jeta encore sur moi et j'eu le temps de reprendre ma forme humaine et de recevoir le fer sur ma cuisse. Je hurlais et dans un élan de rage je le poussais. Il tomba à la renverse et je pus m'enfuir de ses griffes.
Mon calvaire commença. Je compris bien vite que je ne pouvais plus me transformer. Je ressentais comme jamais la faim, la soif et le froid. Je n'avais plus de plumes sur le dos, plus de serres... Je dus alors inventer des nouvelles façons de survivre malgré la torpeur qui me prenait parfois et la force qui me manquait.
Je connu pour la première fois de ma vie, la peur. J'étais devenue la proie.
Ceci m'amena à prendre des vêtements dans le campement que j'avais l'habitude d'observer. Je ne savais pas comment procéder mais je m'engageais dans la ville, cherchant un moyen de me procurer de quoi manger. C'est là que je rencontrais pour la première fois les êtres de ce monde... Trois Eodh et... une fé noir. J'avais du mal à me contrôler, les fés constituaient un repas de choix dans mon ancienne vie. J'essayais de me tenir, de ne pas craquer à ses instincts naturels qui me taraudaient. La suite fut particulière, j'eus un repas, des mots et ce qu'ils appelaient un bain. La proposition de rejoindre un équipage, mot que je compris par la suite, me sembla intéressante, plus de froid, plus de faim, plus de peur mais surtout, retrouver ma liberté en voyant l'objet de mon tourment détruit.
Voilà comment commença, ma vie en Menoch.
Mar 31 Mai - 9:40