Derrière le grand hêtre, sous l'arc-en-ciel!

Messages : 74 Date d'inscription : 03/10/2016

L'elfe sylvain trottinait tranquillement, sautant d'une branche à l'autre avec la légèreté reconnue à son peuple. Il se baladait ainsi depuis déjà un moment à travers l'épaisse forêt qui recouvrait cette partie de l'île. Ça n'était pas si loin du campement Ali, et pour peu qu'ils s'en donnent la peine, nos deux camarades auraient pu entendre toute l'agitation provoquée là-bas à ce moment-là. À sa suite, Maruvan, celle qui l'avait surpris il y a peu à exercer son droit à la curiosité. Voilà en vérité comment il aurait expliqué le fait d'espionner les conversations étrangères.

- Nous y sommes presque! dit-il en elfique, un index pointé au devant.

À vrai dire, il n'y avait pas plus à y voir droit devant qu'à sa dextre ou à senestre. Que des arbres, des plants, des arbustes tout autour; ni sentier, ni plan d'eau, ni même âme qui vive. Et pourtant, Vestige avançait d'un pas assuré, faisant remarquer ici et là à Maruvan les traces d'un vieil incendie ou plutôt les marques laissées par un ours faisant son territoire.

- Derrière le grand hêtre, sous l'arc-en-ciel! s'exclamait-il alors qu'ils débouchaient tous deux dans une clairière.

Mais il ne fallait pas s'attendre à trouver un arc-en-ciel à cette heure, ou encore par temps maussade; bref fallait-il que les circonstances s'y prêtent. Et même si les remous d'une cascade étaient bien audibles non loin, les arcs colorés devaient-ils encore se former au même endroit. Devait-on en conclure qu'il ne trouvait logis qu'en des circonstances plus affables? Sûrement pas, puisqu'il persistait à avancer vers le grand hêtre qui était lui bien visible.

Tout là-haut, la lune illuminait de son éclat les pousses qui parsemaient la petite plaine. La lueur argentée révélait le paysage et permettait une orientation somme toute aisée. L'elfe à la suite du vestige pourrait remarquer certaines brindilles repliées et des brins d'herbes qui semblaient déjà s'écarter d'eux-mêmes alors qu'ils venaient. Il y avait bien là un sentier, mais on ne le voyait qu'une fois dedans tant il était subtil. Le tracé abstrait que parcouraient leurs pas n'était en rien aléatoire, et notre protagoniste faisait bien certain de s'y tenir.

La clairière traversée, ils parvinrent enfin au grand hêtre dont avait parlé Vestige. S'il l'avait décrit grand, c'est parce que le mot énorme lui avait échappé. En effet, c'est une pousse titanesque qui se tenait là et trônait au sein d'un bouquet d'arbres qui, eux, auraient pu bénéficier du titre de grands. Son tronc devait avoisiner une douzaine de fées de circonférence et s'étendre à une hauteur qui faisait frémir les écureuils les plus téméraires.

- Vous êtes la bienvenue chez moi, amie.

Il demeurait planter là, derrière le tronc du grand hêtre qu'il avait contourné, un large sourire accroché en bouche. Il ne s'y trouvait pas de maison en pierre comme on trouve chez les hommes; il ne s'y trouvait pas de hutte, de tente de fortune; il ne s'y trouvait qu'un sol terreux parcouru des larges racines de l'arbre susmentionné. Vous l'aurez deviné, on ne retrouvait pas non plus l'arc-en-ciel promis, ni encore la cascade qui aurait pu y donner vie.

C'est alors qu'il éleva la main pour décrire un arc au-dessus de lui. Les couleurs apparaissaient alors, d'abord ternes et translucides, puis bien visibles, même évidentes. Alors qu'elles auraient dû se fondre dans l'absence de lumière, elles rivalisaient au contraire de luminosité, éclairant à quelques mètres autour. C'est cette même luminosité combinée des différentes teintes qui fit réagir l'arbre. Ses racines s'écartaient au sol et son tronc s'ouvrait sur un petit terrier.

Ce n'était pas le gît d'un ours, ou le repère de colonies d'insectes, ni même une crevasse chaude et opportune où il fût bon de se blottir: c'était un abri véritable, au sol garni de pierres et aux murs ornés de tapisseries¹. Il n'avait certes pas terminé de s'installer, quelques pierres manquaient ci et là. La pièce paraissait un peu chiche en meubles et une simple paillasse semblait lui servir de lit, mais on ne manquait pas de remarquer le confort de l'endroit.

Spoiler:

Messages : 46 Date d'inscription : 10/02/2016

Maruvan était demeuré silencieuse le long du trajet, suivant son hôte d'un pas léger et rapide. Son regard se porta vers où un boucan de bruits avait lieu avant de reposer son attention sur son guide du moment. Son regard détailla le chemin entreprit afin de se créer ses propres repaires, traces d'ours d'un côté, branches cassées, troncs affaissés et ainsi de suite. Elle porta son attention au fameux hêtre en question qui fut des plus majestueux et après un moment de réflexion, elle lâcha son silence, en elfique.

- Un bel arbre que voilà.

Elle retira son gant de cuir et vint glisser ses doigts afin de parcourir l'arbre et ressentir la vie de celui-ci. Étrangement satisfaite, elle posa son regard sur le Vestige qui venait d'ouvrir un terrier qui menait sous l'arbre en question. Cela ne l'avait pas étonnée, au contraire même, une certaine nostalgie l'envahie sous la forme d'un mince sourire à ses lèvres. Elle entra finalement dans le repaire terreux et observa les lieux avant de s'installer au sol, en indien, et elle reprit alors la parole, toujours en elfique

- Chaleureux, comme son hôte. Vous pouvez m'appeler Maruvan.

Cela n'était pas son prénom, mais bien le nom de sa maison. Pour le reconnaître, il fallait avoir hérité d'un savoir qui venait par delà le continent actuel. Avoir connu les anciennes grandes familles de la ville qui s'était volatilisée pendant la guerre entre les humains et les elfes, jadis... Elle passa lentement sa main déganté au travers de sa chevelure courte, avant de ramener son regard sur la personne.

- Vous êtes ?

Messages : 74 Date d'inscription : 03/10/2016

L'elfe se prit le menton et adopta un air songeur alors que la question trouvait le creux de son oreille. Des mots tout simples et tout à fin communs qui formaient une question à laquelle il eut été aisé de répondre si on avait été quelqu'un d'autre que lui-même. Mais il se souvenait bien de qui il était, et ce devenait alors complexe. En un bref instant, il analysa en long et en large les deux modestes mots soumis et la réponse qu'il lui faudrait offrir:

- Vous êtes ?

Il était embêté à vrai dire. La tête embourbée d'un tas d'idées. Si sa venue sur cette île ne lui avait pas été complètement déplaisante, il ne pouvait pas non plus s'en dire heureux. Mais ce ne devait pas être de ses états d'âme qu'elle voulait s'instruire, aussi, il ne l'en avisa point.

- Vous êtes ?

Il était de ces êtres qui pouvaient vous endormir d'un charme, ou vous frapper de stupeur d'un autre. Il s'exerçait déjà depuis un moment (plusieurs générations d'hommes forment un moment pour un elfe), à altérer la réalité, à la courber selon sa volonté. Mais ses capacités magiques ne devaient pas intéresser sa convive, ou du moins il devinait à présent que sa question ne devait pas les concerner.

- Vous êtes ?

- En vérité je vous le dis, je ne suis plus l'ombre de celui que j'étais l'été dernier. Et celui-là même ne ressemblait pas à celui que je fus autrefois. Mais puisque je crois que je garde de l'un et de l'autre un petit quelque chose, j'aime à me présenter en tant que vestige. Et c'est donc Vestige, que je suis, c'est le nom que je me donne et comme je ne côtois d'ordinaire que les arbres et la faune, je ne sais guère plus comment les gens me nomment aujourd'hui.

Messages : 46 Date d'inscription : 10/02/2016

Maruvan observa le Vestige prendre tout son temps avant de lui répondre sur la simple question de qui il était. Le voyant partir en songe, fit en sorte que l'eladrine esquisse un mince sourire à ses lèvres de manière un peu plus permanente. De son côté, elle joignit ses mains ensemble, temporairement, semblable à une position de méditation et ferma les yeux. Elle se concentra sur son environnement, sur l'énergie qui émanait de l'endroit où ils étaient. Elle ne semblait pas détester ce qu'elle ressentait dans ce boisé sylvestre. Elle rouvrit les yeux et posa son regard rubis sur son interlocuteur lorsqu'il lui donna un semblant de réponse.

- Vestige... Tous les eladrins sont des vestiges d'un passé lointain. Tous vivants sont vestige d'un futur incertain. En ce moment présent, il suffit que de tendre la main. Un nom ne fait ni un roi ni un marin. Mais je vous appellerai mon ami, soyez en certain.

Dit-elle alors qu'elle se redressa après s'être étirée brièvement de manière féline et d'une dextérité remarquable. Elle s'approcha du vestige et lui offrit sa main, afin de lui serrer la pince.

- Vous n'êtes pas le seul qui se sent tel un vestige d'une ère qui n'existe plus.

Messages : 74 Date d'inscription : 03/10/2016

Les nobles traits qui composaient son faciès démontraient un sentiment d'aisance, et à la suite de ces quelques mots de Maruvan, il vint même à sourire. C'est alors avec délicatesse qu'il vint se saisir de la main offerte pour venir la serrer.

- Vos mots trouvent mon cœur et le rassure, amie. Encore et toujours, il s'exprimait à elle en elfique.

Il lui fallait toutefois mettre un terme aux cérémonies. Car durant leur périple, l'œil avisé de l'elfe avait repéré une ombre menaçante au loin, une ombre qu'il n'était pas accoutumé de voir en forêt.

- Il me faut déjà vous quitter, hélas. Tout curieux que j’étais de faire votre connaissance, je me suis trop peu inquiété de ce qu’il m’ait été donné de voir au-dehors.

Il répéta cette courbette qu’il lui avait déjà adressée; cette courbette d’un autre âge; cette courbette d’ailleurs certainement plus à propos dans un palais que dans son modeste abri. Puis sans plus parler il s’en fût, vif et usé au terrain, il eut été pénible à poursuivre cette fois-ci.

Il y avait, pas si loin de là, une menace qu’il devait approfondir. Plutôt porté par la curiosité que la crainte, il se mit en quête de ce qu'il avait cru apercevoir plus au sud. De grandes ailes sombres et des serres tranchantes, des pupilles sanglantes et un bec acéré. La présence d'un tel rapace -si rapace il devait véritablement y avoir- ne pouvait qu'être un mauvais présage...

Messages : 122 Date d'inscription : 28/05/2016

Derrière le grand hêtre, sous l'arc-en-ciel! Corbea10

L'animal volait librement, étendant ses larges ailes sombres. Il venait d'apparaître par delà l'emplacement du campement Ali.
Il survola surement la cache de l'elfe, poussant parfois un croassement des plus rauques.
Ses plumes de jais avaient quelques reflets bleutés surtout quand l'oiseau piquait et c'est exactement ce qu'il faisait.
Il battu des ailes avec lenteur ensuite pour amorcer son atterrissage. Peut-être que Vestige le verrait? Peut-être le suivrait-il?
Quoiqu'il en soi, sous peu, l'anormal corbeau prendrait possession d'une branche et la ferait sienne.

Dans son sillage, un plus petit corvidé se dessinait. Pour celui qui n'était pas distrait par la monstruosité ailée, il était possible de l'apercevoir.

Messages : 74 Date d'inscription : 03/10/2016

Sans doute alerté par ceux qu'il appelait communément ses petits amis, Vestige trouva sans peine l'oiseau obscur. En effet, la course du corvidé avait fait voler en éclat l'expression qui voulait que les pinsons soient gais. Ceux-là, qui nichaient dans un petit nid surplombant la clairière voisine de son abri, s'étaient envolés, hurlant leur détresse à qui voulait bien l'entendre.

Le sylvestre prit donc le corbeau-garou en chasse, armé de sa seule curiosité et protégé uniquement par le couvert de la forêt. Non, il n'avait pas prit le temps de revêtir sa petite cuirasse, qui accumulait encore la poussière quelque part sur le plancher pierreux de sa demeure. Et s'il avait coutume d'emporter avec lui un petit poignard, son hardiesse avait eu cette fois-ci raison de son habitude.

Lors d'une traque toute autre, il serait sans doute passé inaperçu, mais il n'était guère familier au pistage de prédateurs...

Derrière le grand hêtre, sous l'arc-en-ciel! Forest10

Messages : 999 Date d'inscription : 15/01/2016

Le petit corbeau aux yeux ambrés suivait son immense homologue aux yeux écarlates. Ce n'était certainement pas une nuée telle que l'immense oiseau l'avait connu autrefois. Mais, la shamane ainsi s'initiait à la notion "d'Unisson", que Raviya avait évoqué devant elle.

Elle avait pris la forme de corvidé, espérant laisser derrière la peur corrélée de si près au souci des autres, à son humanité même, et pris son envol pour suivre l'oiseau gigantesque, afin de recevoir une leçon précieuse en cette immersion dans cet aspect du Cycle le plus primordial. Dépouillée de sa forme originelle, dans le vol cohésif, elle espérait également gouter un peu de la liberté dont le grand oiseau se faisait parangon.

Le plus petit oiseau suivait la guidance du plus gros, s'y abandonnant, dans le mouvement coordonné qu'avait le vol des nuées, à l'exception près que ce jour là, il n'y avait que deux de ces oiseaux au plumage noir, sujets à l'observation de l'elfe, voire du duo elfique.

Messages : 122 Date d'inscription : 28/05/2016

Les pattes agrippèrent lourdement une branche massive, s'y plantant. Le regard écarlate du corbeau se tourna vers son compagnon de vol. Il attendait en se lissant le plumage du bec que ce dernier le rejoigne et se pose pour commencer la leçon.

Messages : 74 Date d'inscription : 03/10/2016

Vestige parcourut la forêt, son regard clair ancré sur l'oiseau menaçant. Il le suivit tout du long et jusqu'à cette robuste branche où l'anormal corbeau choisit de se jucher. Se mouvant aussi discrètement que savait le faire un elfe de son époque et de son origine (ceux-là étaient habitués à ce genre de subtilités), mais aussi distraitement que lui seul pouvait le faire, il se faufila jusqu'à la base du tronc, eh puis...

«Crack!» faisait la brindille en se fracassant sous son poids.

S'il n'eut pas été impressionné par ce qui se trouvait sous ses yeux, jamais ô grand jamais il ne se serait révélé de la sorte. Mais il faut croire que ses yeux d'elfes regardaient ailleurs et que ses pensées étaient éprises d'un tout autre sujet que celui de son trajet.

Messages : 122 Date d'inscription : 28/05/2016

C'est alors que les yeux enflammés se portèrent sur l'elfe, le jaugeant, le calculant. Était-il une vraie menace? L'oiseau le détaillait de long en large s'attardant étrangement sur les côtés de la ceinture, les bottes, les mains, cherchant trace d'une arme ou d'un sac d'ingrédients magiques. Toutefois, il ne fut pas attaqué évidemment que non. Le corbeau-garou l'avait à l’œil mais pas en guise de proie. Un croassement fut émit, tel un avertissement, une sommation impliquant la non-agression. Un autre croassement suivit en direction des airs ~~et le lien d'esprit à esprit se fit.~~

Croaa crooaa croaaa croaa crooaaa croaaa.

Babillage d'oiseau mage à oiseau mage qui se traduisit par ceci :

- Nous avons de la compagnie Siv. Je ne pense pas qu'il soit une menace mais autant le garder sous surveillance. Vois ce que je vois, souhaite voir ce que je vois. Je serais tes yeux et tu seras les miens.

Un léger chant mental parvint à Siv, comme un mantra répété en boucle sur le rythme d'un cœur d'oiseau battant la mesure, une prière inlassablement ressassée. Raviya tenta de créer le lien qui existait entre les siens et de le transposer à la shamane.

Spoiler:

Messages : 999 Date d'inscription : 15/01/2016

Elle avait fait bien des fois l'exercice qui impliquait de faire le vide, préambule nécessaire à la méditation. Cet exercice-ci était, à la vérité, fort rapproché, et pourtant si différent, car il impliquait d'offrir en tout son esprit à la sujétion de son immense congénère. De faire confiance, à un titre tout particulier. Mais elle était prête à se prêter de bonne grâce à ses pratiques, et se montrer sensible aux signaux subtils que démontrait le grand corbeau, les nuances dans l'attitude, les sonorités émises, qui permettaient l'établissement ce lien spirituel.

Le regard scrutateur du petit corbeau s'arrêta sur l'elfe, que son immense homologue avait repéré. L'immense oiseau put relever que le plus petit avait prêté attention audit elfe, suivant son signal. Il était certainement plus facile pour le grand corbeau de puiser, à même l'esprit de la shamane au sein duquel il s'était instillé, le ressenti de celle-ci. Un peu de perplexité, quant à la silhouette elfique en contrebas, mais non pas plus de méfiance que le grand oiseau ne lui aurait communié.

Au fil du mantra presque hypnotique instillé à même sa psyché, le temps de leur vol, elle s'était fait canevas où l'immense prédateur pourrait peindre un peu de ce qu'il était.

L'attention particulière du grand corbeau pour l'oiseau similaire, mais de bien plus petite taille, sis à ses côtés, ainsi que leur temps de latence, serait certainement perceptible à l'observateur elfique.

Messages : 122 Date d'inscription : 28/05/2016

La prière s'accompagna de deux résonances, deux cœurs en désaccord au départ. La shamane comprendrait vite que c'était le sien qui battait en concurrence au départ avec le palpitant plus lourd de Raviya. Peu à peu, les cœurs s'accordèrent et dés lors, la vision de la shamane se fit double. Elle pouvait percevoir l'elfe d'en haut dans le ciel mais aussi du haut de la branche. Avec un peu d'imagination, on pourrait comprendre le danger d'une nuée dotée d'une telle vision multiple et d'une harmonie sans faille. La corbeau-garou ressentait du bien-être, une impression de puissance comme si elle dominait cette forêt et ce sentiment fut partagé avec son amie et ce sans barrière, sans retenue, une déferlante d'émotions qui pourrait, potentiellement, la déstabiliser sur le coup ou simplement lui rappeler cette sensation d'un tout que la forêt obscure lui avait offerte.

Messages : 74 Date d'inscription : 03/10/2016

Lorsque toutes les paires d'yeux furent braquées sur lui, et il remarqua bel et bien la plus petite, il se figea sur place. À la vue des corbeaux s'offrait un elfe longiligne enrobé d'une tunique entremêlant le vert et le jaune à la façon des arbres d'automne. Sa chevelure tiraillée entre le blond et le brun étaient parsemée de plumes colorées que l'on reconnaissait d'oiseaux du coin. À sa taille, une ceinture fléchée faite d'un métal qui lui était inconnu, mais particulièrement durable, accueillait un petit fourreau vide et une sacoche de cuir. En-dessous, le pantalon de lin qu'il revêtait montrait des traces d'usures ici et là, mais il paraissait confortable et adapté à la saison. Celui-là, brunâtre rappelait le sol terreux des forêts de la région. Enfin, de longues bottes seyantes faites d'un cuir robuste achevait d'habiller notre intrus.

Plutôt par crainte d'être attaqué que pour lui-même passer à l'acte, l'une de ses mains s'activait à trouver le poignard qu'il emportait quotidiennement. Le magnifique instrument forgé en des temps immémoriaux demeurait introuvable, hélas. Il lui faudrait se remémorer un autre moyen de défense. Certains hommes disaient autrefois que le bruit éloignait les ours? Une tactique qu'il n'avait jamais employée, la plupart des ours étant ses amis. Qu'à cela ne tienne, si ce devait sauver les hommes des ours, pourquoi pas un elfe d'un corbeau géant...

- Ouste! Cette forêt se tirait très bien d'affaires sans vous! tentait-il d'une voix hésitante.

Messages : 122 Date d'inscription : 28/05/2016

L'oiseau tord son cou, sa tête s'incline, penche de côté, puis c'est un croassement moqueur? Serait-ce possible? Le croassement s'amplifie et cela ressemble de plus en plus à un long rire entre humanité et animalisme. L’œil sanguin du corbeau-garou reste sur l'elfe, une lueur d'hilarité dans le fond de ce dernier.

Messages : 1169 Date d'inscription : 08/02/2016

Alors que le corbeau était perché sur son arbre se moquant possiblement de l'elfe, deux ombres immenses les survolèrent un moment.

En haute atmosphère, deux bêtes ressemblant à des oiseaux de proies survolaient en rond la position des deux oiseaux et de l'elfe.

Soudain, après quelques tours, ils piquèrent directement vers la position des créatures et de l'elfe. En quelques secondes, les oiseaux de proie devinrent, aile déployé, facilement aussi gros qu'un homme. Serre acérée, cris perçant d'aigle, d'une rousseur inégalé, les deux semblaient particulièrement visée les proies les plus facile. Le petit et le plus gros des corbeaux.

Nul doute, de tel bête pourrait sans nul doute lever un homme, si elle devait finalement changer de cible.

Derrière le grand hêtre, sous l'arc-en-ciel! Eagles10

Messages : 74 Date d'inscription : 03/10/2016

Pas qu'il eut déjà vu un oiseau rire, mais le son étrange qui émanait du grand corbeau ainsi que l'allure de ce dernier embêtèrent rapidement notre l'elfe. Il semblait que l'on se moquait de lui et de sa ridicule menace. Fallait-il en comprendre que ça ne pensait pas comme un ours, ou encore que bien des hommes avaient été dévorés par des ours, ou encore qu'il n'était guère de taille à proférer des menaces? Quoi que ce fût, et ce devait bien être un peu des trois à la fois, le rire eut pour effet de détendre celui qui se voyait comme une proie, à prime abord.

Il croisa les bras, de toute façon, il n'avait guère de lame à tirer, et pas avec lui les ingrédients nécessaires à charmer le grand corbeau. Il observait désormais de plus près le corvidé, cherchant une façon d'interrompre son hilarité. Prenant son courage à deux mains, il entreprit de gravir le tronc et de s'en approcher. Après tout, même s'il avait tentée la fuite, il se doutait qu'aussi habile pouvait-il être à courir, grimper, sauter parmi les troncs, il n'échapperait possiblement pas aux serres. C'est ainsi donc qu'il débuta l'ascension, il grimpait rapidement, sans quitter la bête des yeux, et une fois parvenu -s'il devait y parvenir- gageons qu'il garderait tout de même quelques branches entre eux deux.

[...]

C'est alors que surgirent les deux autres oiseaux. Stupéfait, il stoppa net son ascension et, cette fois, glissa la main dans la besace qu'il trimbalait.

Messages : 999 Date d'inscription : 15/01/2016

Le plus petit des oiseaux tend aussi un peu le cou, plus circonspect pourtant que son grand congénère. Il gonfle un rien les plumes, un petit rien. S'il se défie un peu, la peur ne le prend pas pour autant, non, la confiance et l'assurance qu'exhude le grand prédateur l'a envahi, par le lien qu'ils ont noué. Il a aussi perçu, peut-être, l'hésitation de l'elfe, en sa phrase lancée.

En cette heure, elle ressent une assurance, si belle et grandiose, qu'elle ne se souvenait, sous forme humaine, avoir jamais gouté. Même si depuis sa prime enfance, elle avait été façonnée à la vocation délicate de marcher sur les limites du temporel et du spirituel par un mentor, jamais elle ne s'était sentie prête à assumer pleinement ses fonctions. Chaque conseil donné, chaque décision prise, chaque action s'accompagnait d'un questionnement continu, d'un élan d'introspection qui la poussait à s'interroger, quant à savoir si elle avait fait assez, ou si elle avait bien fait. Mais sous la guidance du grand corvidé qui exhudait l'assurance comme la puissance, cette fois, elle était libre de la lourdeur de ces constantes remises en question. Les interrogations qu'elle aurait généralement eu, tout comme son besoin de rationnaliser et nuancer, semblent triviales à cette heure, et ne font que traverser son esprit sans s'y imprégner.

L'elfe aurait-il eu pour elle telle palabres, en sa forme humaine, certainement aurait-elle réagi bien différement, ayant tendance à laisser à eux mêmes ceux qui délibérément cherchaient à l'éloigner. Elle avait connu le mépris, à la vérité déjà : les civilisations, peu importe ce sur quoi elles s'édifiaient, avaient tendance à repousser par nature ce qui leur était différent de par valeur, de par espèce, voire, de par l'apparence. La défiance face à l'étrangère qu'elle était le plus souvent, la laissait désormais d'humeur égale. Mais jamais, vraiment, elle n'avait instillé la peur chez qui que ce soit. En une forme ou en l'autre, elle n'avait jamais vraiment eu de quoi, il lui semblait. Ainsi, la réaction de l'elfe lui venait presque comme une surprise. Et elle se surprit elle-même encore, en renchérissant aux coassements du grand corbeau.

À l'égard de l'elfe, le petit oiseau émet quelques coassements, non pas si près du rire que le sont les cris de l'immense corvidé. Il se fait entendre, pour signaler sa présence, ou son support, à l'oiseau géant. Lui faire savoir, à sa façon que malgré leur différence, ils sont bel et bien un.

(...)

La venue des deux grandes ombres les survolant, au dessus de la ramée, l'avait fait pousser un coassement plus impérieux, attirant l'attention du grand volatile sur les oiseaux aussi grands, sinon plus immenses que lui. Entre l'elfe qui grimpait tranquillement, et les deux immenses oiseaux, il était clair et net pour le plus petit des corbeaux, que ce qui les survolait lui semblait le plus menaçant. Son plumage se hérissa un rien plus. De son grand homologue, visiblement, elle attendrait un signal, pour manoeuvrer. Mais, en cet instant fatidique, les grands aigles piquaient déjà.

Messages : 74 Date d'inscription : 03/10/2016

C'était un cas bien intriguant que celui-là. Quelques minutes auparavant, l'être sylvestre pensait déjà être menacé par le corbeau-garou et dans une moindre mesure par son acolyte, et voilà qu'à présent, ils étaient tous trois menacés. C'est en fait ce à quoi il songea, à la vue terrifiante de ces autres géants des airs. S'il pensait d'ailleurs déjà les confronter au lieu de s'extirper du combat éventuel entre les monstres volants, c'est qu'il en avait déjà vu auparavant et savait ce dont ils étaient capable. De vénérables prédateurs, capables de dévisager le soleil lui-même sans ciller. Il n'eut presque pas même souffert, s'il eut été déchiqueté par leurs serres, le tout se serait déroulé en un clin d'œil, vif comme eux seuls savaient tuer. Il serait mort et n'aurait plus eu d'autre aventure que la mort, s'il en était certes curieux, il ne sentait pas venir le moment, la tout de suite.

En toute franchise, il ne croyait pas les corbeaux assez tenaces pour venir à bout de ces féroces rapaces. De ces deux maux qui accableraient sans doute la forêt, il avait déjà choisit celui qui lui semblait être le moindre. D'autant plus que s'il connaissait déjà ces aigles, il n'avait jamais vu de tels corbeaux que celui-là, aussi devait-il encore l'étudier.

Ne se retenant plus à l'arbre que d'une main, il fouillait sa sacoche en toute hâte. Ses doigts grattaient le fond du sac, léchaient les parois et remuaient l'entièreté du petit contenant. Le ciel s'était assombri, l'astre diurne désormais dissimulé derrière la rouquine menace. Le cri éperdu des aigles s'approchait dangereusement. Les petites branches et leurs feuilles venaient fouetter l'elfe sous la bourrasque provoquée par leurs ailes. Il était pour Vestige grand temps de se révéler plus apte que ce que les corbeaux l'avaient vu. S'il avait paru incertain, brouillon et même un brin vulnérable aux premiers volatiles, cela n'était pas tout à fait étranger à sa volonté.

De la pochette pendant à sa ceinture, il ressortit une poignée de petites perles noires qu'il serra de sa main gantée (car il n'avait qu'un seul gant, de bonne facture et certainement issu du même cuir dont l'était ses bottes). Ce faisant, ses lèvres remuaient en récitant en elfique une incantation bien mystérieuse:

- Kal Por Xen !

De petites volutes d'une fumée ocre s'échappèrent alors en sifflant entre les doigts de son poing refermé. Outre la fumée, une lueur brillante semblait aussi prisonnière de ses doigts ainsi crispés. La curiosité avait quitté son regard, l'innocence aussi. Ses sourcils étaient froncés et son faciès exprimait la concentration. Aussi étrange cela puisse-t-il paraître à ses corbeaux détracteurs, il émanait de l'elfe ridicule plus tôt, un danger imminent...

Les dernières spirales enfumées voltigeaient vivement loin de son poing, poussées elles aussi par la bourrasque soudaine. Ces torsades rejoignaient le feuillage ambiant, se mêlant aux feuilles de même couleur, fuyant leur maître à vive allure. Et voilà que malgré son petit numéro, il sembla qu'il réalisait là encore un autre échec. Quelque tour que ce fût, ce ne devait guère en être un grand. Même la lueur qui émanait de sa main depuis l'incantation semblait à présent l'avoir délaissé. Peut-être était-ce sensé lui rendre son courage? Peut-être était-ce sensé le dissimuler à la vue des aigles? Peut-être était-ce seulement une vaine tentative de les effrayer?

Sans doute était-il désormais désabusé, car il relâcha sa prise sur la branche pour redescendre un peu plus bas, à l'écart. Mais c'est cet instant précis que choisit le sortilège pour faire effet, et dans un cri perçant retentirent en cœur plusieurs oiseaux. Ils venaient à toute vitesse, de par le feuillage où s'étaient engouffrées les volutes de fumée colorées, et allaient se fracasser contre les grands aigles. Ils n'étaient composés d'aucune matière, n'arborait aucune couleur, qu'une transparence imitant ce qui se voyait à travers eux, à vrai dire on n'en discernait que les contours et les cris; cela suffisait à comprendre que c'était des oiseaux, des aigles, aussi. Il devait y en avoir une dizaine (bien qu'il fût pénible de compter combien en vérité il s'en trouvait, tant ils voltigeaient rapidement et tant ils étaient difficiles à percevoir).

Derrière le grand hêtre, sous l'arc-en-ciel! As_an_10

Messages : 122 Date d'inscription : 28/05/2016

Rieur mais pas distrait, entre l'elfe qui grimpait et les aigles qui piquaient, l'oiseau s'était envolé, sonnant le cor de guerre dans son esprit. Il émit un croassement menaçant et strident vers les aigles, les serres prêtes à en découdre. Il ne se laisserait pas faire s'il venait chercher misère, c'est certain. Alors le lien s'intensifia pour la shamane. Les images lui vinrent en tête, esquiver, tourner autour d'eux, piquer, remonter en faisant un demi cercle et piquer encore mais cette fois non vers le sol mais bien bec le premier sur le dos du plus petit, la femelle surement.

Tout allait vite et puis... le sort de l'elfe prit son essor, son ampleur, les aigles devaient surement s'en prendre plein le bec. Il était temps de leur donner un coup de semonce pour qu'ils leur fichent la paix. Profitez de la diversion. Les prunelles écarlates du corbeau se posèrent sur le cou de l'aigle plus menu. Une hésitation le prit, tuer ou ne pas tuer? Puis l'humaine en lui se tut, il fallait tuer, donner l'exemple, maîtriser le territoire, dominer... Siv pouvait deviner que le but était de briser le cou de l'adversaire et ce en une seule fois. Raviya s'élança serres les premières et tenta la manœuvre prévue. Le destin lui dirait si ses sens et son habileté étaient encore ceux d'autrefois.

Messages : 1169 Date d'inscription : 08/02/2016

Sans crier garde les harpagornis tentèrent un demi-tour rapide. Pris au dépourvu par l'attaque magique, ils en perdirent quelques plumes, les dégâts pourraient être plus important mais d'apparence physique celle-ci ne laissaient pas beaucoup de trace à l'externe. Leur résistance semblait étonnante ou était-ce la puissance du sort basique qui faisait défaut?

Ne se doutant pas heureusement pour l'elfe que l'attaque provenait de celui-ci, les oiseaux sur le moment confus se concentrèrent sur les seuls restant, car les oiseaux magiques après impact aurait tôt fait de se dissiper.

Suivant la tentative de contre-attaque du plus gros des corbeaux, les deux volatiles s'acharnèrent alors sur la même cible. Alors qu'un fit un aéropique pour venir frapper Raviya par derrière, l'autre se laissa saisir par celle-ci pour la distraire.

Le corbeau géant aura tôt fait de découvrir que la nuque de l'harpagornis était plus que difficile à saisir vu la grosseur du tour de la tête, mais les serres du corbeau-garou aura su entaillé la nuque de la bête. Alors que celui qui servait d’appât pour être pris pour cible, l'autre déploya ses ailes pour se donner l'imposante stature humaine et tenter agripper de ses serres le gros corbeau.

Dans cette position, on pouvait réellement avoir l'impression qu'en plus d'en avoir la force et la rigidité, l'oiseau aurait pu être un jeune dragon de légende.

Messages : 122 Date d'inscription : 28/05/2016

Spoiler:

Messages : 74 Date d'inscription : 03/10/2016

De toute évidence, il en faudrait bien plus pour venir à bout de ces redoutables opposants. C'est après un instant de réflexion et surtout une longue hésitation que Vestige reprit son ascension. Il ne possédait hélas pas avec lui le nécessaire à produire un sort qui viendrait à bout des aigles de par sa seule puissance. Mais le manque de réactifs était un moindre soucis, puisque la catastrophe récente marquait une importante scission entre ses pouvoirs d'avant et d'aujourd'hui. Lui, dont les pouvoirs étaient issus de la nature, avait été au moins autant affecté qu'elle par les failles et les créatures grotesques qui en étaient originaires. L'instabilité qui occupait le monde s'était donc également immiscée en lui. Il ne parvenait plus qu'à quelques simplicités, parmi celles-là; le tour dont nous avons été témoins.

À défaut d'avoir la puissance pour venir à bout des bestiaux, il imaginerait une autre façon. Après tout, son interminable existence avait bien sûr été marquée d'autres moments tragiques, de folles épopées, de risques effrayants. Et s'il avait su survivre jusqu'à aujourd'hui, c'est qu'il comptait sur d'autres ressources que sa simple puissance. De ces ressources, il en identifiait bien une qui saurait peut-être les tirer d'affaires, lui et ses compagnons d'infortune (mais aussi ses adversaires, encore à ce moment-là).

Il lui faudrait user de ruse, car s'il avait un avantage sur les aigles (outre le fait d'avoir de belles bottes), ce devait bien être son intellect. Il grimpait à vive allure, alors que les combats faisaient tomber sur lui une pluie de plumes alternant entre le bronze et le noir de jais. C'est d'ailleurs à ce moment-ci qu'il se saisit de quelques plumes, plusieurs appartenant aux seigneurs des airs, et une seule du grand corbeau, qu'il vint coincer dans sa chevelure. Après tout, il n'en avait pas une comme ça. Si cet élan de coquetterie, en plein affrontement, semblait un peu déplacé, les autres plumes qu'il avait réccupérées auraient elles un destin plus salutaire.

Messages : 999 Date d'inscription : 15/01/2016

Le plus petit des oiseaux se laissa submerger par le ressenti qui affluait, en provenance du corbeau gigantesque. Prédateurs pouvaient, sans peine, devenir proies, c'était là part intégrante du cycle. À l'unisson, avec la nuée, elle devait y être préparée. Les aigles étaient prédateurs naturels des corbeaux. Et en les signes astraux de son clan, l'aigle se rapportait à la hauteur du devoir, la sugétion absolue aux obligations amenant à transcender, survoler son humanité, tandis que le corbeau était symbole de légèreté, et de toutes les libertés. Leur opposition naturelle semblait bonifier la symbolique d'un sens neuf.

Aux palabres de l'elfe, elle eut un instant de songe, qui peut-être ferait écho en sa comparse. Vestige d'un autre temps, d'autres fonctions, émergeait le souvenir de la langue arcanique, dont elle ne prévilégiait pas l'usage. L'accent elfique pesant lui avait laissé douter, un instant, puis en son esprit fit surface un mot, corrélé aux consonnances du Kal Xen.

"Invocation."

Mais était-ce là raison d'être rassurée, ou bien plus méfiante encore. Elle aurait eu du mal à le dire, et se prit à sonder l'elfe un temps, afin de jauger peut-être vers qui le sortilège serait dirigé. Une parole aurait effleuré ses lèvres à son tour, de quoi conjurer à son aide oiseaux qui auraient pris leur vol pour les aider. Mais la parole, "Alalithra", était morte en sa gorge avant même de franchir son bec. L'Unisson avait ses avantages, mais en cette heure elle ne disposait pas de ses dons coutumiers. Incapable de manier les énergies naturelles, en d'autres circonstances, elle se serait sentie vulnérable, nue comme jamais. Et pourtant le grand oiseau l'aidait à préserver sa contenance et son flegme, en la galvanisant. Elle devrait se contenter de sa vivacité, de son bec, ses serres, et le support des siens. Elle répliqua pourtant au cri de guerre du grand corbeau, en un coassement dont elle ne se serait pas cru capable.

Le Corbeau Garou avait ensuite fondu sur le plus faible des aigles, ou du moins celui qui apparaissait le plus vulnérable. Le plus petit des corbeaux, lui, se décida pour une autre cible. Elle s'engageait toutefois fort volontairement sur une voie similaire à celle de son homologue gigantesque, car c'était là question de vie ou de mort.

Elle avait pris cette forme, avant, bien souvent. Et sous cette apparence, tant en ville qu'en forêt, tant sur les charniers des batailles que dans les lieux les plus reclus, on ne la remarquait que rarement. L'elfe, forestier émérite, avait lui-même dû faire un effort pour apercevoir sa présence. Les corbeaux trouvaient leur niche partout, et étaient si anodins que même les créatures les plus belliqueuses comme les hommes les plus vindicatifs en faisaient souvent fi. De fait, elle profita de sa petite taille, de son apparente innocuité, ainsi que l'aurait le moustique pour l'ogre, pour chercher à fondre sur la prunelle jaunâtre de l'aigle qui s'apprétait à fondre sur Raviya, espérant sans doute que les nuées d'oiseaux diaphanes soit distraction suffisante, pour que son bec atteigne sa cible.

En prenant part à l'Unisson, elle avait mis de côté bonne part de son humanité, mais il était des choses qui ne changeaient pas, un principe du clan profondément engravée en elle qu'elle préservait encore. Elle protégerait les siens, quoi qu'il en soit.

Messages : 122 Date d'inscription : 28/05/2016

Elle ne brisa dés lors pas le cou de son adversaire mais le retourna d'un tour de serres pour que l'attaque par derrière touche malencontreusement ce dernier et non elle.

Elle avait l'habitude des batailles aériennes et peu importe que ces oiseaux aussi légendaires qu'elle et de taille toutefois plus menue qu'elle, semblaient fort et résistant. Leur force serait leur faiblesse et elle retournerait leurs attaques contre eux. Elle espérait bien sûr que l'oiseau qui l'attaquait y avait mit toute sa puissance, histoire de faire mal à son congénère. On disait souvent que posséder une arme létale doublait les chances de voir l'agresseur s'en emparer et nous blesser avec, il était temps de vérifier cette théorie.

Elle laissa entrevoir son plan à sa comparse de nuée, peut-être pourrait-elle accélérer le processus? Toucher l’œil ou faire du surf sur le dos de l'attaquant pour qu'il gagne en vitesse conjuguée et s'empale sur son congénère? Les pions étaient placés mais la stratégie ne pouvait échapper à la chance. Fallait-il voir si elle tournerait en faveur des deux corvidés.

Au fond d'elle-même, la soif de sang était revenue, la faim tenaillait ses entrailles et sa férocité n'en était que plus grande. Elle les tuerait s'ils lui laissaient cette occasion et elle les dévorerait avec la fougue d'une lionne déchiquetant la chair d'une gazelle fraîchement abattue après une chasse éreintante.

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