Derrière le grand hêtre, sous l'arc-en-ciel!

Messages : 999 Date d'inscription : 15/01/2016

La communion des deux volatiles jouerait à leur avantage, elle l'espérait.

Elle était minuscule, en comparaison des deux assaillants, et de sa comparse. Mais, cette dernière lui avait communiqué cette soif de sang, vicérale, cette propension qui la pousserait au combat, coute que coute. De tout son petit être, elle s'efforcerait, ainsi que le souhaitait sa comparse, de retourner l'assaut des deux grands aigles contre eux.

La férocité, sur le moment, elle l'avait. Restait à savoir si elle aurait la vivacité nécessaire pour percer l'oeil jaune du plus gros des aigles géants, celui qui fondait sur sa comparse, serres tendues. De petit oiseau qui passait aisément inaperçu, elle attirerait systématiquement l'attention des géants, et peut-être viendrait-elle à en payer le prix. Mais sur le moment, au plus profond de son être, il n'y avait pas l'ombre d'un doute, elle faisait ce qu'il fallait.

Messages : 1169 Date d'inscription : 08/02/2016

Le premier rapace tenu par Raviya avait depuis un moment tenu les muscles de son corps aviaire. Bien que tenu, la force impressionnante de l’animal l’empêchait de totalement se retourner et pris une tendance diagonal plutôt que renversé à la tentative du corbeau géant.

Il tenterait probablement d’apporter la femme-corbeau dans les arbres en laissant son poids le faire planer plus bas.

[…]

Concernant le second prédateur, à l’arrivée du second petit piaf il ouvrit les ailes dans la confusion pour créer un gonflement de l’air dans celle-ci et freiner sa descente rapide. Sans doute ne s’attendait-il pas à ce qu’un insignifiant petit oiseau ait du répondant. Il n’arrivera pas malheureusement à diminuer suffisamment sa descente et le plus petit corbeau qui chargeait atteignit l’œil gauche du rapace.

La volaille s’en dégagea dans une plainte d’un violent coup de bec bien pointu dans le but de le projeter vers le sol. Désorienté, par la perte d’un œil il cherchera ses repaires pendant un moment.

Messages : 999 Date d'inscription : 15/01/2016

Elle avait foncé, galvanisée par l'influx de son grand congénère, et avait pu faire mouche, l'impression de son innocuité pour le grand prédateur aidant. Il n'était pas resté bien longtemps indifférent à sa présence, et le coup de bec du rapace l'avait atteint à l'aile, l'entammant sérieusement. La liesse de l'assaut avait fait place à l'impression de douleur, dont le grand corbeau aurait peut-être écho. Le coassement de détresse qui avait suivi la blessure était sans équivoque, pour qui l'entendrait, certainement.

Une pluie de plumes noires poisseuses de sang irait tomber sur les cimes et sur l'elfe en contrebas. Certainement, elles n'auraient pas la splendeur et l'unicité de celles des gigantesques oiseaux pris en leur ballet aérien que l'elfe aurait glânées précédemment, mais elle lui révélerait sans doute la blessure du petit animal qu'il semblait observer. Le petit oiseau s'aggrippait au plumage brunâtre du grand rapace, serrant sur les plumes ses serres autant qu'il le pouvait. Comme il pouvait, il remontait sur son cou, en un lieu où son bec immense ne pourrait pas se refermer sur lui, aurait-il dû tordre et tourner la tête pour se départir de son passager clandestin. C'était là, pour l'heure, son seul salut d'une chûte vertigineuse, qui couterait sûrement la vie au petit volatile si le prédateur immense venait à le désarçonner.

Encore, elle picorait la tête, les omoplates, de l'aigle immense sur lequel elle se trouvait juchée, lui arrachant quelques nouvelles plumes au passage. Elle espérait ainsi troubler son vol encore davantage, le distraire du Corbeau Garou et, peut-être avec un peu de chance, le faire entrer en collision avec son frère d'espèce, en sa distraction.

Le sang suintant de l'aile du corbeau minuscule se mêlait à celui de l'aigle à l'oeil percé en son plumage. La détermination du petit volatile, ou son opiniâtreté, n'avait pourtant pas failli. Ce combat en était un qui ne s'abandonnait pas à la première navrure, car le cout du forfait était la vie, en vérité.

Messages : 74 Date d'inscription : 03/10/2016

Il était enfin parvenu près de la cime, à quelques battement d'ailes immenses des combats. Lui aussi maintenant, faisait figure d'oiseau blessé avec tout ce sang et ces plumes qui maculaient sa tenue. Il détenait dans sa main gantée une poignée de plumes d'aigles qu'il pressait de ses doigts. Soudain, à travers tout le tumulte et par un enchantement qui n'était pas de son ressors, une voix lui vint en esprit:

" Sauve-la! Sauve le petit corbeau! S'il te plait elfe, aide-la! "

C'était une voix féminine, pas celle que l'on prêterait à une gigantesque bête. C'est également à cet instant précis qu'il croisa le regard du corbeau-garou, en mauvaise posture, mais pas assez pour oublier son plus petit congénère. Sans tenter de comprendre (même si ce court instant suffit probablement à l'éclairer un peu), il se plia à la volonté de ce qu'il qualifiait encore il y a peu de monstre (mais qu'il verrait à reclasser parmi de toutes autres créatures sous peu). L'elfe émit alors un sifflement sonore qu'il avait apprit auprès des oiseaux de la forêt, un signal destiné à attirer sur lui l'attention de tous et chacun. C'était certes irréfléchi mais il aimait à penser que des moments comme ceux-là savaient se passer de réflexions.

Si d'aventure il parvenait à attirer le regard d'un aigle, il plongerait alors son regard dans le sien. Alliant les plumes récoltées durant sa montée à ses facultés magiques, il tenterait de faire opérer sur le rapace un charme de sa propre concoction: il opposerait à la vue du monstre la couleur des plumes ramassées et ferait en sorte qu'il ne distingue plus que cette couleur. La ruse voulait faire en sorte de déguiser les corbeaux en aigles à sa vue. S'il pourrait encore distinguer le petit corbeau, il ne saurait plus lequel des géants était son ennemi. Dès lors, et que son manège fonctionne sur les aigles ou non, il se positionnerait sous la forme bestiale de Siv pour lui offrir la sûreté en cas de chute. Le tout en hélant:

- Par ici petite chose!

Messages : 122 Date d'inscription : 28/05/2016

Elle était sans doute un corbeau-garou mais aussi ce que l'on appelait une druidesse dans le monde des hommes. Elle changea de forme pour se libérer entièrement de l'aigle, plus petite, plus rapide, elle passa sous lui à toute allure pour prendre du recul et éviter ce qu'elle pensait être un arbre ou une branche dans le crâne. Sans doute que le sort agirait ensuite, sa priorité toutefois restait de rejoindre sa partenaire de vol et de combat, en cas de souci, elle pourrait l'agripper et l'empêcher de tomber voir de prendre d'autres coups. Il n'y avait toujours aucune peur en elle, la peur était interdite sous l'unisson et elle comptait bien s'y tenir.

Messages : 999 Date d'inscription : 15/01/2016

Son coeur battait plus fort.

Sa vision semblait se rétrécir, sa périphérie s'obscurcir, se réduire uniquement au prédateur qu'elle martelait du bec. Elle était plus fragile, et prompte à l'épuisement que son immense homologue. Et sa blessure n'aidait en rien.

Un sifflement, en contrebas, attira son attention fugacement, mais pas assez pour qu'elle s'attarde. Elle avait les serres pleines, avec ce grand prédateur sis sous elle, sans pour autant rajouter à ses préoccupations outre mesure.

Lorsque l'elfe se prit de la héler, elle lui réserva un instant de plus de son attention. Si les aigles se trouvaient confus, ou distraits, par son intervention ou son sortilège, c'est cet instant précis que le petit corbeau qu'elle était choisirait. Elle s'avancerait sur le cou, près de la tête rattachée -à son grand dam- au bec qui claquait dans le vide. Et de son propre bec, elle viserait l'autre oeil du grand prédateur, l'aveuglant tout à fait. Pour réussir son initiative, elle compromettrait ostensiblement sa prise sur le cou du grand prédateur. Et son geste posé, incapable de se retenir au plumage du grand oiseau, elle irait choir, battant de son aile valide, pour ralentir sa chute.

Elle tomberait vers l'elfe, et la ramée. Cela, c'était si l'un ou l'autre des aigles ne répliquait pas à son dernier assaut, ou n'allait cueillir cette proie facile avant qu'elle n'atteigne la voute des feuillages rendus roux par l'automne.

Messages : 1169 Date d'inscription : 08/02/2016

L'oiseau qui de base ne comptait pas assommer personne dans un arbre, alla s'y percher, néanmoins surpris d'avoir été anticipé et esquivé. Sans nul doute avait-il prévu quelconque guerre de corps entre volatile. Il semblait maintenant chercher le gros corbeau qui semblait avoir disparu.

[…]

Concernant l'autre oiseau, grâce aux divers coups de bec proféré par le plus petit, l'aviaire maintenant possesseur d'un seul œil viable compris le stratagème du plus petit. Il commença à tourner sur lui-même au gré du vent en tournant en rond, tentant de s'en débarrasser.

Il rendrait difficile la possibilité à l'aviaire sur son dos, blessé à une aile, de ce mouvoir pour tenter de blesser le second œil du rapace.

[…]

C'est alors que vint en jeu la tactique ingénieuse de l'elfe. Suivant le sort, les deux aviaires perdirent leur repère face à leur ennemi. Le premier quitta son perchoir pour aller rejoindre l'autre. Le second commençant déjà son départ.

Deux choix pouvaient donc s'offrir au plus petit des oiseaux sur le dos du prédateur, rester au dos de la bête ou profiter de la fuite des deux rapaces pour se laisser planer vers ses comparses.

Messages : 122 Date d'inscription : 28/05/2016

C'est de son dos qu'elle vint amortir la chute de sa comparse, encaissant le choc en perdant un bon mètre de hauteur sans toutefois s'avouer vaincue et s'approcher du sol. Puis doucement, elle battit des ailes pour atterrir à proximité de l'elfe, sur une branche solide, reprenant doucement forme humaine en tenant Siv entre ses mains avec délicatesse, dos calé contre le tronc. Elle avait le souffle court quelque peu mais aucunes blessures apparentes pour sa part. Ses longs cheveux d'un brun sombre coulaient sur ses épaules encerclant un visage joli sans être toutefois d'une beauté à couper le souffle, ses prunelles écarlates étaient posées sur le petit corbeau.

- Tu pouvoir revenir Siv, falloir te soigner maintenant. Je désolée pour la leçon d'unisson, elle mal tourner.

Puis vers l'elfe.

- Je te remercier elfe.

Messages : 74 Date d'inscription : 03/10/2016

Le grand corbeau venait en sa direction toutes ailes déployées. Il s'en était tiré à bien meilleur compte que ce qu'avait d'abord imaginé l'elfe. Sitôt cela remarqué, c'est vers le plus petit qu'il dirigea son attention. Celui-là montrait bel et bien les marques de la récente bataille. Son plumage suintant de sang avait tôt fait d'inquiéter le vestige...

La grande forme sombre se métamorphosa quelques secondes seulement après l'avoir rejoint, et il vit alors sa véritablement forme. Il avait bien comprit qu'une femme se cachait derrière le corbeau géant, mais ce fût tout de même un choc de voir pour la première fois le contraste entre l'une et l'autre. S'il devait déjà par ailleurs attribuer un autre nom que «monstre» à la bête, il devait aussi désormais trouver un autre désignatif que «bête».

- Je te remercier elfe, lançait-elle en sa direction.

Mais c'est perdu en pensées, évaluant de quelle façon il serait le plus approprié de l'appeler qu'elle le trouva alors. Après tout, il n'était plus tout à fait qualifié lorsqu'il était question de relations interpersonnelles. Il avait oubliées ces habitudes quelque part sur le continent, lors du siècle dernier, à moins que ce ne fût lors du précédent...

Ç'eut été plus aisé pour lui de faire la discussion au petit corbeau (qui encore à ce moment-là n'était pour lui qu'un oiseau). Et même s'il n'était pas tout à fait juste de dire qu'il faisait la conversation aux bêtes, on pouvait au moins supposé qu'il les comprenait d'une part, mais surtout que c'était elles, qui pouvaient le comprendre lui.

Ces longues tergiversations ne parurent à Raviya que de quelques secondes, en vérité. Juste le nécessaire pour qu'elle le remarque embêté dans sa démarche. Au bout de ces quelques songes, toutefois, il parvint à articuler quelque chose qui convenait à sa pensée et qu'il pensait approprié:

- Euh... De rien. Mademoiselle.

Messages : 999 Date d'inscription : 15/01/2016

Sa tentative de percer le second oeil du grand aigle échouée, son équilibre précaire avait fait en sorte qu'elle était allée choir, jusque dans les paumes de l'elfe qui avait cherché à la rattrapper. Son aile gauche était sérieusement entammée, par un coup de bec vorace de la bête immense. Et pourtant, malgré son triste état il était aisé de constater qu'elle avait eu beaucoup de chance. Le grand prédateur aurait certainement pu sans mal gober le petit oiseau qu'elle était d'une seule bouchée.

Elle aurait bien volé jusqu'au sol, une fois rattrappée et menée en sûreté par l'elfe, mais elle ne se sentait pas la force. La torpeur l'envahissait peu à peu, l'instinct la poussant à la survie combattant âprement l'envie qu'elle avait de se laisser aller à un sommeil qui lui paraissait bien bon.

Elle aurait voulu le remercier, incanter peut-être pour reprendre un peu de vigueur, mais rien de tout cela n'avait pu se produire. Les paroles étaient mortes en sa gorge, laissant place à un croassement léger. Nombreux étaient les mages qui passaient d'une forme à l'autre, tantôt humains, tantôt sous apparence bestiale, sans se poser de questions, reproduisant de par là même maniérismes tout humains puisque de la bête, ils n'avaient que l'illusion de l'allure. Pour d'autres, la transition d'une forme à l'autre était fluide, naturelle, presque spontanée, ainsi que c'était le cas pour le corbeau-garou. Quant à elle, elle tentait de s'imprégner profondément de l'essence de la bête avant que son apparence ne se commue. Peut-être était-ce de ce fait, ou bien du fait de l'Unisson, ayant donné un sens d'autant plus aigü à son immersion, ou peut-être encore était-ce sa faiblesse, qui l'empêchait de proprement rassembler ses esprits, et se concentrer? Mais il ne lui semblait pas possible, pour l'heure, de recouvrer sa forme humaine. Pour tout résumé de l'amalgame de ses pensées, confuses, comme des paroles qui auraient pu fuser d'elle, pour sa comparse comme pour l'elfe, elle n'eut pourtant qu'un croassement faible.

Elle déportait ses yeux ambrés sur sa comparse, puis sur l'elfe curieux, avant de les clore un instant, se plongeant en ses songes. L'un comme l'autre allait bien, et cette idée même instilla en elle un certain soulagement.

Leurs paroles semblaient lointaines, malgré leur voisinage immédiat, comme s'ils s'étaient couvert les lèvres de multiples couches de coton avant d'émettre le moindre son.

"Revenir Siv... Unisson mal tourner..."
"...Mademoiselle..."

Les premières palabres la projetèrent en un état de perplexité. Non, pour elle l'unisson n'avait pas -réellement- mal tourné, à ceci près qu'elles avaient bien atteint cet état de symbiose recherché. Qu'elle avait éprouvé, dans ces brefs moments précédant l'assaut des aigles, puis en leur lutte, des émotions, ou des élans qui lui étaient alors inconnus, ou qui étaient profondément enfouis en elle. Elle avait même posé les yeux sur une espèce qui, jusque là, lui était encore inconnue. Selon elle, des instants où l'on avait appris, dont on sortait grandi, n'étaient jamais perdus. Et ces instants précédents étaient de ceux-là. Elle aurait bien voulu le lui dire, le lui signifier, mais bouger à cette heure tenait de l'épreuve, la fatigue la gagnant plus encore.

Cette (més)aventure la laissait avec bien des questions, et une charge symbolique forte, sur lesquelles ses méditations rêveuses la laissaient dériver. L'Aigle comme le Corbeau, de par leurs attaches symboliques à deux constellations, avaient acquis pour son clan des significations précises. Le premier était rattaché à la hauteur digne et au détachement que ceux qui étaient dotés de pouvoirs, fussent-ils temporels ou en lien avec le Voile, se devaient de garder. Le second, lui, était cet oiseau libéral se détournant des lourdes charges. Aigles se trouvaient prédateurs naturels des Corbeaux, à leur façon, ainsi que les devoirs et obligations apesantissent l'âme et viennent à occire les élans de légèreté qui l'occupent. Menoch et son Arcaneum avaient été pour elle le triomphe de l'Aigle, la liant au devoir sous tant de facettes. En son action, que certains auraient dite inconsidérée, avait-elle agi à sa façon, symboliquement, pour s'éloigner de cet impératif attachement au devoir qui ne la quittait jamais? Le triomphe du Corbeau sur l'Aigle serait-il de bons auspices, pour les mois, les années qui s'annonçaient?

La réponse viendrait peut-être avec le temps, le petit oiseau, incapable pour l'heure d'être autre chose à défaut de pouvoir rompre le charme, au fil de la dérive de ses rêveries, semblait plongé dans le sommeil désormais.

Messages : 122 Date d'inscription : 28/05/2016

Mademoiselle? Elle avait fait une drôle de tête, eu un petit tique facial. Puis observant sa compagne de lutte, elle sortit une petite fiole de sa tenue de cuir élimée.

- Je pas être mademoiselle. Je être corbeau-garou. Je naître oiseau. Tenir petit corbeau, je soigner aile. Sauf si tu avoir sort pour ça elfe?

Elle releva ses prunelles écarlates sur Vestige, le geste en suspend. D'aussi près, Raviya avait l'odeur de la terre, des arbres, des herbes fraîchement coupées, une odeur que tous ne pouvaient apprécier, surtout en milieu citadin.

Messages : 74 Date d'inscription : 03/10/2016

L'elfe aussi eut une curieuse mimique en constatant qu'elle n'accueillait pas son nouveau titre comme il se devait. Il effaça toutefois cette grimace de son faciès à la question de Raviya, et y répondit avec empressement:

- Je saurais peut-être lever le maléfice, si une malédiction devait la garder sous cette forme, mais ça n'est pas notre cas, si? Je peux lui ôter la douleur, mais ce ne serait qu'illusoire, et le mal serait encore-là. Je pense que vos concoctions lui seront d'un bien meilleur secours.

Il eut été capable de la soigner, en vérité, mais le schisme provoqué en lui par les récentes catastrophes le forçait à la prudence. Il ne saurait tenter quelque action que ce soit dont il n'aurait pas le plein contrôle, à moins bien sûr ce que ne fût leur dernier recours. La petite fiole présentée par Raviya avait suffit à le convaincre qu'ils n'en étaient pas à la dernière chance.

Messages : 122 Date d'inscription : 28/05/2016

Elle hocha vers lui avec lenteur, étirant un léger sourire qui flotta sur ses lèvres de manière fugace.

- Non, elle pas maudite.

Répondit-elle à l'elfe, ayant prit le soin de sonder son regard du sien peut-être un peu trop longuement.
Puis elle versa un peu du liquide sur les plaies avant d'essayé doucement de faire boire sa comparse, tentant de la réveiller pour qu'elle ne s'étouffe pas.

- Siv... boire ça s'il te plait.

Elle ajouta ensuite en eodh vers le petit corbeau.

- Ton compagnon va m'arracher la tête avec ses propres mains s'il t'arrive quelque chose... Je t'interdis de faiblir tu entends?

Messages : 999 Date d'inscription : 15/01/2016

La fraicheur du liquide curatif contre son aile sembla la réveiller, la faire ébrouer un rien son plumage comme une douche reçue par surprise. Elle ouvrit sur le duo des yeux ambrés, renvoyant un regard presque un peu surpris l'espace d'un moment, prise par une seconde de confusion. Le sang avait cessé de couler. Les chairs de l'aile réduite en lambeaux semblaient se réparer, doucement, par le biais de la magie de l'infusion.

Puis, aux paroles de l'Eodh-qui-n'en-était-pas-une, elle ouvrit un peu le bec, certainement, avait-elle saisi. Elle avala quelques lampées du liquide, et parut s'étrangler un peu avec le liquide à la seconde phrase qu'elle avait tenue. Aurait-elle une autre forme, surement aurait-elle ri franchement, malgré la douleur qui la tenaillait, revenue avec le retour de la conscience. Les élans d'humeur de son colosse de mari étaient désormais si proverbiaux qu'ils étaient principale raison du maintien de son existence, ou du soin qu'auraient les autres pour elle? Elle se demanda sur l'instant, si cela le courroucerait d'une façon, ou tout au contraire le flatterait? Certainement, ne le saurait-elle jamais, car elle entendait bien ne rien lui répéter de la précédente affirmation! Elle se tiendrait pourtant à l'interdit : on pouvait même dire qu'elle avait acquis une certaine expérience sur le sujet, elle qui devait rester forte, droite, pour le reste de son clan, amalgame hétéroclite, pour les enfants, et pour bien d'autres, avant, du temps de Menoch. Faiblir, elle se l'était bien souvent interdit, aussi, d'elle-même.

Dans son coeur comme en son esprit régnaient toujours un peu de confusion. Leur expérience lui laissait beaucoup à méditer. Elle n'en avait pas honte, et ne la regrettait pas. Mais désormais, se rapprochant à petits pas de son humanité, les questionnements lui revenaient. D'une façon, de par son acte d'un héroïsme éperdu, elle aurait même pu rendre Sethlim, dit la tête brulée de Menoch, fier, ce qui lui imposait la réflexion, quant à la mesure du lien, voire du bienfait même du dénuement de peur qu'elle avait pu éprouver.

Elle trouva alors assez d'empire sur elle-même, pour voleter vers le sol maladroitement, la plupart de ses plumes n'ayant pas encore repoussé sur son aile gauche. Ce serait là, et non au creux des mains du pauvre elfe, qu'elle reprendrait sa forme humaine. Plus détachée de l'état d'esprit qu'amenait l'Unisson qui la poussait à s'assujettir en tout à sa forme de corvidé, ayant repris des forces de par la mixture administrée, rien ne l'empêcherait vraiment désormais.

C'était une petite Eodh, au début de sa vie adulte, pas très haute de taille, à la peau mate un peu livide encore, qui avait remplacé le petit corbeau blessé. Elle arborait plusieurs tatouages que l'elfe reconnaitrait possiblement comme glyphes tirées tant de la pratique druidique qu'arcanique, en ces parts de peau qui n'étaient dissimulées ni par ses vêtements ou le sang qui la poissait. Créatures pourtant fort dissemblables, tant par la taille que l'allure, il y avait pourtant similitudes d'une forme à l'autre. Sa chevelure faisait écho au plumage noir, et ses yeux avaient un éclat ambré similaire à ceux du corvidé. Et son bras gauche arborait belle estafilade, allant presque de l'épaule au coude, dont la potion curative avait débuté la guérison.

Elle eut une petite grimace, la reprise de forme et le mouvement n'étant certainement pas sur le moment sans douleur. Elle fit un effort, pour commuer cette grimace en un sourire timoré.

Pour Raviya, elle eut cette phrase, mesurant pour une fois ses paroles, elle de coutume si volubile, conservant ses énergies.

-Tout ira bien, amie, pour toi comme pour moi. Je ne faiblirai pas... Et... l'unisson n'a pas été un échec... bien que je préfèrerais un vol plus relaxant, une prochaine fois, si tu n'y voyais pas d'inconvénient.

Elle se tourna par la suite, vers l'elfe. Elle eut un mot d'abord, en un elfique maladroit doté d'un accent très pesant. Aussi massacré soit-il, sans doute reconnaitrait-il là un remerciement. Les leçons d'Aethyr portaient fruit, un peu, mais elle redoutait de ne jamais mieux parler elfique qu'un petit enfant de leur espèce. La langue des quasi-immortels ayant ceci de propre, qu'elle prenait décennies, voire des siècles, pour en acquérir parfaite maitrise. Le mot dit, elle continua sa phrase en commun.

-Hantanyel. Tu as toute ma reconnaissance, vraiment. Et pardonne moi, pardonne nous pour ce...

Elle se prit à hésiter. Comment décrire, ce qui venait de se produire? Après un instant de latence peut-être trop long, devant l'obligation de trouver un mot pour le définir, elle se résolut à poursuivre. Et conclure, en espérant peut-être se sauver elle-même des titres, par l'étalage de son simple nom.

-...dérangement. Je suis Siv.

Messages : 74 Date d'inscription : 03/10/2016

Derrière le grand hêtre, sous l'arc-en-ciel! - Page 2 Sunset10

Le calme était revenu, les oiseaux et la tempête qu'ils avaient emmenée étaient déjà loin à l'horizon. Ah, comme il faisait bon de mener à bien une aventure, pensait l'elfe des bois. Malgré la peine, malgré les tourments et les peurs car il ne se sentait pas l'indéfectible courage du corbeau-garou, cette journée avait tout de même de bons points à faire valoir. D'une part, des fragments des pouvoirs qui l'habitaient jadis lui étaient revenus au cours de l'affrontement, et même s'il aimait à penser qu'ils ne lui manquaient pas, force est d'admettre qu'il en retirait une certaine satisfaction. De plus, il ne s'était plus sentit aussi vivant depuis belle lurette.

Il contemplait, là-bas, les quelques nuages qui flottaient au gré du vent, baignant dans les dernières lueurs du jour. Car il se faisait tard à présent, la journée s'en était aller avec les aigles. Tout près, le corbeau prenait du mieux, si bien qu'il ne se sentait plus le devoir de le couver du regard. Oh, il savait bien désormais que ça n'était pas un oiseau véritable, mais la seule vue de cette forme provoquait chez lui le sentiment du devoir.

C'est alors qu'enfin le petit corbeau se mit à changer. Lorsqu'il prit conscience que cela se déroulait, il y rapporta ses pupilles verdâtres afin d'assister au grand dévoilement. C'est qu'il était curieux, et ne s'en cachait pas...

[...]

Ce mot, le remerciement prononcé en elfique, l'avait amusé. L'autre mot auquel il accorda beaucoup d'attention fût «dérangement». Ce mot en particulier lui fit froncer les sourcils et adopter cet air désormais reconnu où il se plongeait en songes. Après réflexion, il est vrai que la venue des deux corbeaux si près de son abri avait été digne de ce mot. Oui... Peut-être qu'en fait, il serait à prendre le thé à cette heure, en d'autres circonstances que celles-là. Sans mentionner toutes les herbes, toutes les graines et autres éléments qu'il eut pu collecter s'il n'eut pas été contraint de livrer bataille à des aigles afin de protéger deux corbeaux qui encore il y a peu, ne l'avait guère en haute estime. C'était tout vrai, mais il s'en fichait...

Il s'était divertit, il s'était amusé, et de surcroît, il avait une nouvelle plume sur la tête, mais pas celle d'un aigle. La longue plume noire du corbeau-garou trônait effectivement parmi sa chevelure, souveraine parmi les autres plumes colorées.

- Ah! mais je vous remercie aussi! dit-il en pinçant la fameuse plume de deux doigts. Je pensais avoir plus de difficultés à me la procurer, à vrai dire!

Et on comprit qu'il faisait dans l'humour, de par le clin d'œil qui venait avec la plaisanterie. Et on comprit aussi qu'il ne devait pas souvent verser dans l'humour, de par le mauvais goût de sa plaisanterie.

- Adieu! car il semblait à l'elfe que sa vie sur l'île serait aussi paisible qu'à l'accoutumer, et qu'il ne serait pas appelé à y revivre d'aventures de la sorte. Il lui semblait donc que c'était-là leur dernière rencontre...

Il courba l'échine en leur endroit, de la même façon qu'il l'avait fait précédemment avec Maruvan. Et ce fût fait avec autant d'exagération qu'à cette précédente occasion, mais parce qu'il ne devait connaître que cette façon-là. Puis il s'en fut, en quelques bonds à peine il était hors de vue. S'il n'était pas habile avec les gens, on devait lui rendre justice pour ce qui était de se mouvoir parmi les branchages!

Messages : 999 Date d'inscription : 15/01/2016

Les palabres de l'elfe lui arrachèrent un sourire plus net, malgré la douleur qui demeurait pour l'heure sa compagne. Elle avait apprécié la légèreté avec laquelle il semblait avoir pris les choses, et elle lui était profondément reconnaissante, non seulement pour possiblement lui avoir sauvé la vie (rien que ça!), mais, de surcroit, pour ne pas exiger d'elles explications extensives quant à ce qu'elles étaient, et pouvaient bien faire là. Elle qui ne pensait pas avoir la force de tout justifier, voilà qu'il lui sauvait encore la mise!

Son dernier mot, toutefois, attisa en elle une certaine réflexion. "À dieu?" Lequel? Elle reposait sur le cycle et le passage des Astres comme certains se référaient aux divinités il y a peu, avant qu'elle n'aillent déchoir. À défaut de savoir à quelle divinité l'elfe pouvait bien se vouer, elle répliqua:

"À une prochaine fois. De ce côté ci du Voile, ou de l'autre."

Selon elle, il n'y avait, à la vérité, aucune certitude qu'ils ne se revoient. Mais, aucune certitude qu'ils ne se revoient pas, non plus. Ainsi, elle avait joué de prudence, en son salut. Le reste était, à son avis, du desseins des Astres, ou du dieu mystérieux de l'elfe, selon le cas. Mais allez donc savoir, seulement, si l'elfe l'avait entendu. Au gré de ses mots, sa révérence faite, il avait bondi, hors de vue.

Elle se tourna ensuite vers le Corbeau Garou, pour lui spécifier, en sa langue natale :

-Mieux vaut pour moi de reprendre le chemin du campement. La route sera longue, d'autant plus à pied, et il serait de bien mauvais genre de les laisser se faire un sang d'encre. Je te remercie, pour l'expérience, comme pour tes soins. Peut-être notre vol aurait-il pu mieux se passer, mais, malgré tout, j'ai beaucoup appris.

Et sans trop attendre, elle se mettrait justement en route, rendant aux parages de l'abri de l'elfe leur quiétude coutumière.

Messages : 122 Date d'inscription : 28/05/2016

Un bref regard qui se arque sur l'elfe, perplexe peut-être? Puis elle haussa les épaules. Quand Siv lui parla, elle eut un sourire malicieux.

- Hep hep, où crois-tu aller et surtout à pied? Je te ramène.

Elle reprit sa forme gigantesque, venant plier la tête et le cou pour inviter Siv à monter sur son dos. Si cette dernière acceptait, elle s'envolerait pour la ramener au campement, sinon elle partirait après un "A bientôt" vers le cercle de pierre.

Messages : 999 Date d'inscription : 15/01/2016

-Préviens moi, si je suis trop lourde, ou si tu as du mal, nous nous poserons et continuerons un temps à pied au besoin.

C'était là sa manière d'accepter, visiblement. Elle lui adressa un sourire franc, puis grimpa sur l'oiseau immense, toute hésitante, comme de peur d'être trop lourde, ou de contraindre le grand volatile. Elle n'était pas une cavalière d'exception, mais se dénier une expérience pareille, elle qui était esprit curieux en quête d'expériences inconnues et novatrices, ne lui ressemblait pas.

Ainsi elles s'en iraient, cédant à l'elfe ou à tout possible spectateur une vue d'un nouveau spectacle incongru.

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