La légende d'Orphée et la naissance de Crebain'Dor

Orphée était un petit village elfique situé aux abords des côtes du continent de Menoch. La sécheresse qui s'y était installée avait poussé le peuple à être parcimonieux dans la distribution des bienfaits que leur offrait la nature. Ils vivaient sur le bord d’une rivière qui s’amoindrissait de jour en jour, laissant ainsi la flore tristement périr sous l’aridité. Ils étaient voisin d’un peuple d’Eodh, vivant jusqu’alors en parfaite alliance. Dès le début de la grande sécheresse, les humains avaient demandés l’aide des eladrins. Ceux-ci, n’ayant pas beaucoup pour eux-mêmes, envoyaient ce qu’ils pouvaient : pain, quelques gourdes d’eau avec un goût douteux, des pommes creusées et quelques maigres lièvres. Cette assistance ne suffit pas longtemps aux Eodhs, qui les accusèrent bientôt de cacher des réserves. L'alliance fut brisée, car le désespoir avait pris foyer dans le coeur des hommes, qui envahirent le village pacifiste pour s'emparer du butin imaginaire. Le massacre se passa rapidement, laissant dans son sillage sang et cadavres.

Les survivants étaient peu nombreux. Sans regarder en arrière, ils prirent des embarcations et s’exilèrent au sud d’Orphée vers des contrées moins connues, espérant y retrouver une forme de paix, loin du monde des hommes et de leur agressivité. Après une longue traversée en mer, ils atteignirent une parcelle de terre où dormait une forêt sombre et intrigante. Malgré son aspect lugubre, une force inexplicable les invitait à s’y enfoncer. Cette force nourricière semblait provenir de son centre et plus ils avançaient, plus ils la sentaient s’immerger en eux. C’est au centre de cette forêt que le peuple elfique décida de s’établir, près de ce fragment du voile qui leur permettait de survivre dans cet environnement hostile.

Aujourd’hui, on ne saurait retrouver quoi que ce soit des restes du village d’Orphée, si ce n’est que quelques artefacts profondément enfouis sous la terre et les herbes... et peut-être quelques âmes égarées qui erreraient ici et là à travers le voile et notre monde à la recherche de leur paix volée.

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Avec le temps, les eladrins exilés avaient appris à vivre dans cet environnement funèbre. Bien que cette forêt ne présentait pas la même quiétude que la précédente, elle n’en demeurait pas moins une création de la mère qu’ils apprivoisaient d’année en année. Ils avaient appris à apprécier la faune, la flore et les odeurs âcres qui s’en dégageaient. Les plus vieux eladrins tombèrent malades et trouvèrent la mort lentement, dans une longue agonie silencieuse. Les plus forts s’adaptèrent à cette vie avec plus de facilité, se nourrissant de l’énergie du voile.

Cette proximité constante avec le fragment du voile transformèrent l’esprit des eladrins. Ils s’étaient liés au voile d’une façon particulière et le surnommaient « le coeur ». Ils faisaient référence au coeur dans plusieurs de leurs écrits et leurs cérémonies se faisaient toujours en son honneur.

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La forêt de Crebain’Dor est aussi lugubre que dangereuse. L’absence de civilisation et l’énergie surnaturelle du voile ont fait en sorte que les arbres sont atteints d’un gigantisme oppressant, tant et si bien que les rayons de Soleil peinent à traverser l’épaisse barrière formée par les feuilles. Ainsi, les jours sont sombres et les nuits complètement noires. La végétation en surface semble tout de même trouver sa place, bien qu’elle soit davantage composée d’espèces ayant un besoin réduit en lumière : champignons géants, lichens, etc. Non sans un certain nombre d’espèces hostiles aux animaux.

La barrière naturelle formée par des marécages aussi puants que dangereux garde les influences de la civilisation et de ses agents à bonne distance. La grande majorité de son eau est un poison à divers niveaux, mis à part quelques sources consommables dont les natifs ne partageraient à nul intru en leur terre.

Le village forme une demi-lune autour du fragment du voile avec ses bâtiments rappelant rapidement l’influence elfique de ses habitants, tout en ayant une esthétique étrangère d’un peuple séparé du monde. Les demeures sont principalement construites par le bois sombre de la forêt, illuminées par la luminescence de quelques pierres magiques, offrant une lueur ambrée continuelle au village. Prêt de la source du fragment se trouve un imposant monolithe, attaché par les chaînes, portant les symboles elfiques écrits par d’anciens Guide du Coeur.