Le souhait

À sa fidèle habitude, fidèle à sa propre citation : Vaut mieux se faire attendre pour être plus désiré. Elle prendra un moment pour se refaire une beauté, sentant l'heure du voeu venir et donc, de sa liberté.

Elle le savait, vaut mieux être belle en toute circonstance, surtout si le guerrier Eodh était dans les parages. Rien ne semblait plus jouissant pour elle que de voir le conflit de jalousie naître dans les couples.

Oui? Fit la voix innocente de la djinn. Le ton employé laissait bien croire qu'elle avait entendu son prénom depuis au moins 15 minutes. Mais c'était le temps minimum pour ce mettre belle.

Vous avez d'autres questions concernant votre vœu? Demanda-t-elle innocemment.

« Aucune question, annonça Aethyr. Je désire simplement le prononcer et le voir exaucé. »

Elle prit une longue inspiration et mit tout aussi longtemps à expirer. Dans ce nouveau monde, le danger était partout présent et il y avait toutes les chances qu'elle soit censé mourir dans les cent prochaines années, si la théorie qu'avait avancée Dina sur le navire était exacte. Ainsi, les chances que sa vie s'éteigne une fois le don exécuté étaient non négligeables. Son regard ne chercha pas celui de son amie pour ne pas défaillir. Il n'y avait pas de grande déclaration à faire; elle lui avait déjà écrit une missive sur le continent dans l'éventualité qu'elles n'eussent été en train de vivre leurs derniers moments. Vierna occupait son esprit, mais elle ignorait quoi lui dire vu l'état des choses. Son plus grand regret serait de ne pas voir grandir Eliniell.

« Voici des déclarations. Il existe trois endroits que nous avons protégés par des runes sur le continent, trois endroits liés par des portails. Des gens y ont sûrement trouvé refuge et il est possible qu'ils y soient encore. Si je te donnais l'équivalent de cent années d'existence, tu pourrais traverser ces runes et apparaître à l'Arcaneum, où tu laisserais assez de temps pour que tous les gens qui désirent partir et venir ici puissent se préparer. Ensuite, tu pourrais les transporter ici, sur l'île, à un endroit sécuritaire près de nos lieux de rassemblement actuels. »

La rôdeuse osa alors un regard vers Siv, au cas où elle désirait ajouter ou préciser quelque chose avant qu'elle ne formule enfin le souhait lui-même.

« Mon souhait est donc que tu mettes ces déclarations à exécution, comme nous l'avions convenu précédemment et comme nous l'entendons, ou que tu passes le reste de l'éternité au fond de la mer, sans âmes à faucher et sans compagnie, si jamais tu tentes de nous tromper ou de te défiler de ce souhait. » Elle attendit la réponse de la djinn, alerte.

La confiance semble difficile en ce monde à avoir. Elle soupira.

Je ferai mon possible, mais plus les personnes à dématérialiser et matérialiser seront chargé, plus le processus sera long et difficile, je ne disposes pas d'une infinité de temps et d'énergie pour faire le monde entier, je ferai mon maximum avec comme point de départ l'Arcaneum de Menoch, étant la partie la plus difficile et demandant en énergie à canaliser.

L'eodh chétive magicienne sera le point canalisateur, je ne peux pas décider où les gens se matérialiserons sur cette île malheureusement, mais ils devraient apparaître dans un rayon d'environ 1 à 2 km autour du pont, soit l'eodh nymphomane.

Mais pour agir, déjà faut-il me libérer de se flacon. Car si je pouvais user de ma magie depuis l'intérieur, je n'y serais plus.

La rôdeuse n'avait rougi que superficiellement, comme quoi elle s'habituait à ce côté des Humains, à moins qu'elle ne devenait simplement meilleure à cacher son malaise. « Si vous avez terminé d'échanger des civilités, il est temps de passer à l'acte. »

Cela dit, elle déboucha la bouteille. Sa méfiance ne l'avait pas quittée, mais elle venait de libérer la djinn pour qu'elle puisse accomplir son souhait.

L'Elfe observait aussi la djinn, les yeux plissés. Elle savait pertinemment que Dina n'était pas omnisciente, mais elle avait le don de trouver comment énerver les gens au plus haut point. La créature devait s'attendre à ce qu'elle s'objecte à cette condition ou refuse tout à fait, mais Aethyr ne lui offrirait pas cette satisfaction.

Se concentrant, elle dit : « Je souhaite que tu visites les endroits que Siv et moi avons protégés par des runes et que tu aides les gens qui s'y seraient réfugiés, s'ils le désirent, en les transportant ici, sur cette île, ainsi que tout autre survivant que tu pourrais trouver, tant qu'il te restera assez d'énergie pour ce faire. »

Le souhait prononcé à nouveau, elle fixa sa vis-à-vis, attendant son baiser.

La djinn fut prise d'un mince sourire. Sans doute était-ce l'excitation de ne pas avoir reçu de vœu depuis longtemps ou simplement de pouvoir enfin avoir en plus de sa liberté, un contact physique.

Elle s'approcha doucement, se déhanchant surement beaucoup trop pour rien, surement plus pour donner à l'eodh du fond une visibilité sur son propre fessier en mouvement et vint se mettre à proximité d'Aethyr. Elle y glissa furtivement une main au visage et approcha son regard du sien.

Elle alla doucement déposer ses lèvres sur celle d'Aethyr. Rien ne dit que c'était nécessaire au processus, mais elle aura du moins tenter d'user un peu de la langue au début, car après quelques secondes, les deux pairs de lèvre se seront décollé. Une lumière sembla quitté la bouche de l'elfe pour entrer en la rouquine coquine.

Aethyr quant à elle, pourrait sentir à l'extraction de cette lumière, un certain malaise. Illusion? Peut-être? Était-ce dans sa tête? Qui sait? Était-elle vraiment en train de perdre 100 ans de vie? Probable. La djinn quant à elle, semblait en savourer le moment.

Une fois la lumière avalée, elle ira reclore le tout, par un baisé court et final. Se reculant, léger sourire aux lèvres.

Elle se retourna alors et s'approcha de sa rivale qu'elle aimait bien, malgré la pauvre eodh, la martyriser. Elle posa une main sur la poitrine de la femme et il laissa une marque temporaire, magique, sans doute est-ce le fameux lien dont la djinn avait parlé.

Elle se mise alors à distance raisonnable des deux femmes.

C'est sans doute la dernière fois avant un long moment où nous nous reverrons. Le souhait sera exaucé et la prochaine fois que nous nous verrons, cela ne sera pas aussi chaud. Dit-elle en direction de l'elfe.

Ni aussi agréable. Dit-elle en direction de l'eodh.

Puis dans un rire, la djinn se désintégra doucement en un sable fin qui parcouru le vent vers le continent...

Ce n'était pas que son haut-le-coeur : elle ressentait un trouble physique qui n'avait rien de frivole. Était-ce ainsi que l'on se sentait lorsqu'on arrachait à son âme une partie de son avenir? Lorsque Dina se détourna, elle sut que c'était terminé. De toute évidence, elle était en vie, ce qui augurait bien pour les survivants et pour le clan, car ils savaient maintenant qu'Aethyr n'aurait pas perdu la vie dans les cent années à venir. Si la djinn avait dit vrai.

Embarrassée par le spectacle qu'elle venait d'offrir, elle ne voulait pas regarder ses compagnons, mais elle suivit quand même les paroles de l'entité et observa ses gestes. Lorsque le sable s'envola dans le vent, elle déclara, sans lever les yeux : « C'est terminé. Une fois qu'elle aura gagné le continent, et qui sait combien de temps le voyage lui prendra, les survivants devraient commencer à apparaître aux alentours. Nous... nous pouvons rentrer. » L'Elfe désirait au contraire s'éloigner, mais elle combattit cette envie irresponsable et resta avec son couple ami.

Le voyage de la djinn prendra environ trois jours avant d'atteindre le continent.

Elle commencera comme prévu, par atteindre l'Arcaneum. Usant du souffle de vie de l'elfe, elle se créa un passage au travers des runes, tentant de les abîmer le moins possible. Une fois à l'intérieur, elle aura vite fait d'expliquer sa provenance et sa raison d'être présente aux survivants terrés dans l'Arcaneum. Après leur avoir fait la proposition, elle patienta une bonne demi-heure le temps que les gens se prépare un minimum. Elle ne pouvait pas se permettre de trop attente, de force d'user de trop de sa magie face aux runes.

Elle irait ainsi, dématérialiser les pauvres rescapé et les catapulterais vers la sources d'énergie magique resté sur l'île, Siv. Ainsi les gens rescapé pourrait réapparaître dans un rayon de 2 kilomètres autour de la position de l'eodh, un peu partout sur l'île. Aucun tir n'était exacte malheureusement pour elle, vu la distance, elle ne pouvait faire mieux.

Elle irait ensuite refaire le même manège un peu partout où elle découvrirais des survivants dans le secteur de Menoch. Elle finirait par approche d'un individu, un survivant qu'elle trouva cloîtrer dans le quartier mélophore.


Un long moment après le vœu, alors que la shaman était au cercle de pierre avec son compagnon et l'elfe en train de le restauré et aider le lieu à renaître. Un nuage de sable se matérialisa au milieu des gros rochers.

Pitiéé.... Une rouquine était apparu après que le tourbillon de sable se soit écrasé brusquement.

La djinn, était de retour, bien qu'en piteux état, vêtements pratiquement détruit, la chair bien ouverte ici et là et surtout, elle vieillissait à vu d'oeil. Alors qu'elle leva la main vers les gens à qui elle espérait malgré et envers tout, demandé de l'aide, son vieillissement eu raison d'elle. La femme qui avait vécu la création de Menoch en l'an 0, était redevenu poussière. Seul le cœur, restait au milieu de toute ses cendres, il battait.

Trois battements... Deux battements... Un battement. Le coeur était inerte au sol et il ne restait plus que des cendres pour l'accompagner.

Un lourd pied botté de plaque noire s'ecraserai avec une certaine violence sur le coeur au dol le réfuisant ainsi en un informe amas sanglant. Davarion levant son pied souillé du restant de la djinne se retourna lentement pour observer sa compagne. Ses traits semblaient un peu tendu mais il sembla se détendre ensuite. Il soupira fortement avant de venir serrer Siv contre lui avec force la aussi. C'est terminer mon amour. Regarde il ne reste plus rien d'elle. Moins que rien je dirais meme. Son coeur écrabouillé. J'ignore si tu veix en faire quoique ce soit ou simplement le bruler qu'il ne reste plus rien d'elle! La dessus le guerrier embrassa sa femme d'abord sur le front puis il vint poser ses levres sur les siennes la serrant toujours fermement.

Aethyr était rentrée pour s'occuper des enfants et pour se changer les idées. L'impression qu'elle fut souillée ne s'estompa pas, mais elle tenta de se raisonner, car, après tout, elle venait de sauver des vies. Qui plus est, elle était toujours vivante et ne fallait-il pas s'en réjouir? Ce soir-là, elle quitterait le campement, car l'envie lui était venue de trouver une personne qui, elle, aurait partagé cette joie, si seulement elle eut su ce qui s'était passé, mais l'Elfe décida que personne n'avait à savoir. Ils s'étaient servi de la djinn pour transporter les survivants, voilà tout.

Quelques jours plus tard, au cercle de pierres, l'apparition de Dina la fit sursauter. Immédiatement, sa détresse l'interpela et elle voulut aider, mais le vieillissement se passait trop rapidement. La rôdeuse resta figée où elle était et, en quelques secondes, la djinn n'était plus. Que lui était-il arrivé? Avait-elle dépensé toute son énergie? Était-ce à cause de son voeu? Ou avait-elle fait une mauvaise rencontre? Aethyr se ravisa; n'était-elle pas sotte de se sentir coupable pour le sort de cette créature? Dina avait fait souffrir Siv, dont la haine et la crainte qu'elle ressentait à son égard étaient palpables. Son existence représentait un danger pour la chamane et pour le clan; ainsi, cette seconde mort devait être vue comme salutaire. Serrant les dents, elle se força à la voir comme tel.

Elle fit un pas vers le coeur, sur lequel elle entendait malgré tout tracer les runes du rite funéraire, mais... trop tard. Quelques piétinements et il n'en restait plus grand chose. Néanmoins, elle fit de son mieux pour aider Siv à rendre un dernier hommage à celle qui avait autrefois été humaine. Puisse-t-elle rejoindre le Voile et trouver le repos.