Les derniers fanaux de la civilisation se consument au milieu de l'incommensurabilité de la nuit. Tels des bûchers funéraires ils nous rappellent ceux qu'il a fallu abandonner aux ténèbres ; le crépuscule des fausses idoles a ternie à tout jamais la flamme vitale des nôtres. Les cités, ces flambeaux de la communauté humaine, se sont éteintes l'une après l'autre. Le ciel s'est vidée de ses fumerolles urbaines. Il n'existe désormais nul foyer pour protéger ce qu'on appelait "humanité" de l'obscurité ancestrale.
Les dieux, anciens, nouveaux, ou primordiaux ont cru bon d'étouffer les braises qui alimentaient la forge des hommes. Pourtant, chaque jour qui passe précipite la chute des tyrans ; dans sa lutte contre les ténèbres, l'homme fait davantage confiance à la force de son esprit, ce feu intérieur qui le guide au travers les abysses du cosmos.
Jailli dans le creuset de sa psyché, l'homme s'est doté d'une compagne... Qu'il nomme science. Don de l'Être Immolé, la Science est la démonstration parfaite autonomie de l'homme, elle perce les mystères qui avaient assuré jusqu'ici la survivance des dieux et, embrasse l'univers, en bannir toute autorité naturelle.
Grâce à elle déjà, on allume les braseros au plus profond des abîmes nocturnes. Vieillards ou enfants, paysans ou forgerons, armée du flambeau du génie humain, ils embrasent le firmament céleste d'une aube nouvelle. Peu à peu, on entend le vacarme du martellement de l'acier rougit, le crépitement du porc à la broche, le bouillonnement du tannage du cuir, la clameur de la foule, la civilisation qui renaît de ses cendres.
C'est par le feu que l'homme s'est fait homme, c'est par le feu qu'il renaît homme...