Elle avait Firas, son fils d'adoption d'environ deux ans, niché à son dos d'un foulard, cueillant à la serpe quelques rares feuillages et écorces que l'hiver avait épargné, et que son mari jugeait utile en concoction de mixtures.
Elle éleva le minois pour trouver à une branche un fruit peu commun, et qu'elle espérait découvrir le moins souvent possible. Prudemment, spécialement vu le fardeau tout particulier qu'elle transportait, elle vint décrocher le pendu.
Elle examina le corps, un moment, jointe par les petits yeux tout jeunes du gamin. Elle ne voilerait pas son regard : les petits du clan devaient s'habituer tôt aux réalités du monde : la vie comme le trépas, les plaisirs comme les chagrins, petits et grands. La mémoire s'imprégnerait peut-être en l'esprit du tout-jeune, qui ainsi apprendrait les codes et façons de faire ce ceux qui étaient désormais les siens. Sethlim peut-être s'en serait retourné dans sa tombe, mais elle n'en avait cure en ce cas présent.
Puis elle même, d'une poudre blanche, traça certaines runes sur le corps du suivant des Astres, à qui elle avait eu trop peu l'opportunité de parler à son grand dam. Des runes anté-nécromantiques : l'elfe noir, ancien thrall ansgar, avait droit que son corps rejoigne la terre en paix, alors que son âme et ses énergies se rallieraient au Voile, selon elle.
Elle aurait quelques paroles sobres, pour celui qu'elle avait à peine connu :
-Tel'Asserat. La Louve veillera ton voyage, sa pâle lueur lunaire nimbant ton dernier périple, cet fin qui, en ce cycle qui est nôtre, est également commencement, renouveau.
Un bucher funéraire bref, alimenté par la flamme magique circonscrite, consumerait le corps en un rien de temps, ne laissant plus que trace de cendres noires sur l'immaculé de la neige.
Quant à la nouvelle du trépas, la recherche de ses coupables, qu'ils eut été ansgars de son clan d'adoption, elfes noirs réfractaires aux us curieux de ce mâle ou encore quelque opportuniste ayant dent contre le combattant, connaissant même vaguement son histoire, elle savait qu'elle aurait un petit mot à toucher à l'éclaireuse de Sovenghard qu'était Aethyr, concernant sa funeste découverte.