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| Auteur | Message |
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Siv
Messages : 999 Date d'inscription : 15/01/2016
| Sujet: Bref voyage en mer Dim 19 Fév - 12:49 | |
| Elle s'était réveillée en milieu de matinée. Davarion, levé aux aurores pour une visite au campement de l'est, l'avait rejointe à l'Enclave, après une petite course matinale devenue quotidienne. Elle contempla un moment son enfant et son conjoint endormi. Peu importe ce qui arrivait, elle voulait graver au fer une image dans sa mémoire.
Tranquillement, ensuite, elle se releva, et vint récupérer une pierre aussi ronde que flamboyante. Une pierre d'âme dite de lave, récupérée du continent, une rareté à présent. Elle entendait, ainsi qu'il était tradition dans le clan, préparer un phylactère. Il contiendrait une projection de souvenirs très précis. Une poignée de choses, de mémoires, qu'elle ne voulait pas perdre, peu importe comment la journée l'altérerait.
S'y succéderaient d'abord, tissés depuis l'instant présent, de la calme affection pour une fille et un époux, le fil la menant vers sa fraternité avec Aethyr qui avait uni leurs deux clans pratiquement en un seul, à son affection pour la gargouille violette qu'elle avait réussi à faire sourire -vraiment sourire- plus d'une fois, à son bonheur d'échanger le verbe comme les sportifs échangeaient la balle avec l'ancienne prêtresse des Vices Vierna, que certains trouvaient trop volubile pour son propre bien. Et restait un peu de place pour Laelice, qui avait infusé la veille après une conversation prenant des tours moroses, une lueur d'espoir avec sa panoplie de projets. S'y réunissait, en somme, une collection de moments heureux, avec des êtres chers. Car en ce qui l'attendait, c'était le ressenti bien souvent qui s'évanouissait le premier, et ce phylactère constituait une sûreté.
Elle avait hésité, à inclure les occupants de la forêt obscure, ou ceux qui entendaient les accompagner en leur exode dans ce phylactère qui amassait les souvenirs précieux, puisque parmi eux se trouvaient nombre d'êtres chers, ou amis. Puis, elle y avait renoncé. Les voir possiblement s'évaporer, emportés par la poussière féérique, était un deuil qu'elle ne pouvait se permettre de porter trop longtemps avec les obligations qui lui incombaient. Et, se disait-elle, si folie était tentée, mieux sans doute valait-il ne pas laisser preuve physique de connivence réelle ou présumée, tant pour éviter qu'elle ne soit elle-même occise, qu'eux, à travers elle, peut-être par les grands pouvoirs de Sarmedos, retracés.
Selon la technique que Davarion et Aethyr connaissaient bien, d'un peu du sang de la shamane, et de sa paume entaillée, le phylactère fut scellé.
Elle avait passé ensuite un temps avec Davarion, et la petite fille, chair de sa chair, et de son sang. Ensemble, ils avaient partagé quelques gâteaux de miel et de chocolat de Ash'Kan, avant qu'elle n'annonce à Davarion la nouvelle. Ce jour-ci, au zenith, elle était attendue au nord, pour prendre l'un de ces navires relais qui, la menant de l'un à l'autre, la feraient aboutir au coup de cinq heures. Elle affirma, qu'elle reviendrait le soir, plausiblement en milieu de nuit. Car il lui fallait aller, maintenant, à la requête de Sarmedos, à la forteresse où se réunissaient les trois Seigneurs, pour finaliser cette expérience promise. La nouvelle sans doute serait-elle plus digeste au colosse, le ventre plein. Elle lui confia le phylactère, cherchant à dissiper l'une de ses craintes : il ne serait pas oublié, ni lui, ni leur fille. Elle lui avait promis, et elle tiendrait parole.
Et l'heure vint vite de se mettre en route. Adoptant une robe teinte de bleu saphir, aux volants de lin, décente mais élégante, et sa cape de plumes de harpie dorées venues du continent, au fermoir de croc de loup, elle prit le chemin du nord, puis, de la mer.
C'est ainsi, après une poignée d'heure de voyagement d'un navire à l'autre, d'un relais à l'autre, qu'elle aboutit à la vaste forteresse pierreuse et amplement peuplée, bourdonnante dans le contexte de la réunion des trois seigneurs. Elle était prête, et déterminée. |
| | | Siv
Messages : 999 Date d'inscription : 15/01/2016
| Sujet: Re: Bref voyage en mer Dim 19 Fév - 23:38 | |
| Durant cinq heures, l'air salin avait fouetté son visage. C'était l'ancien Patron de Menoch qui l'avait accueilli à quai. Son visage était plus buriné, un oeil lui manquait, mais il demeurait reconnaissable, même si les plus terribles des affres laissait ses traces.
Après les politesses d'usage -la shamane et le truand s'étant peu fréquentés pourtant de leur temps partagé dans la métropole désertique, ils n'en étaient ni venus aux effusions de vieilles connaissances, ni à la froideur d'anciens ennemis-, ils avaient arpenté l'ile, afin d'atteindre la forteresse réunissant le trio, traversant les foules de badauds des trois grands équipages, des trois galions et des nombreuses nefs plus petites accostées là. Les gens y étaient nombreux. Et, il semblait à la shamane, relativement détendus, et c'était là le contraste qui semblait la marquer le plus avec la colonie. Cette paix relative avec soi-même, cette capacité à dire tout haut le fond de sa pensée, faisait de Sud'Ile et de la Forteresse le jour et la nuit.
Avec le Patron, elle avait gravi les marches, et présenté ses respects aux trois Seigneurs. Deux, pris en pleine partie d'échecs : Elias et la Sanglante, et Sarmedos, qui l'attendait. Elle s'installa à son invitation sur une table d'examen, tandis qu'à portée d'yeux et de voix le duo de seigneurs, la gargouille patibulaire et un homme aux allures affables, poursuivaient leur partie. Le temps était propice à l'acquisition de savoirs, et il lui venait, bombardé en tout sens, par petites bribes bombardées en tout sens. Il y avait l'amour des femmes d'Elias, verbalisé maintes fois et qui valait l'intérêt de certaines terres. La violence rare de la gargouille, et sa rage proverbiale pour une partie d'échecs perdue, qui aurait présenté Davarion dans ses pires instants comme un homme raisonnable en contraste. Il y avait l'enjeu de cette partie, trois hommes d'Elias contre deux femmes de la gargouille : car ainsi leurs hommes pouvaient se parier selon leur bon vouloir, ainsi que leurs terres.
Du reste, sujette de l'expérience de Sarmedos, elle était demeurée consciente, assimilant, mémorisant, chaque geste, chaque incantation, chaque procédé qui vouait à infuser en elle un peu de ce qui l'aiderait, à transcender son humanité. Un sacrifice qu'elle avait évoqué avec certains, destiné, en seule et pour toute fin, de protéger la colonie. La teneur du processus, sans doute, serait évoqué avec certains... mais la shamane préférait, à n'en point douter, trier sur le volet ceux et celles qui sauraient mettre la patte sur des connaissances de ce genre.
Au terme de l'expérience, une vision lui était venue. Et quelques paroles échangées, concernant un sujet aussi subit qu'incongru, le vizir de Menoch, abordé avec Elias et Sarmedos, avaient suffi à lui offrir intérêt, quant à ses visions.
(...)
Elle avait repris le bateau, cinq heure de voyage, avec le Patron cette fois. Durant le long périple, ils avaient tué le temps en parlant. Elle s'était faite curieuse, se gardant d'être importune. Elle en avait appris plus sur Menoch (dévastée), l'état du continent actuel (abominable, mais peut-être récupérable), ses occupants restants (morts), un peu des terres maintenues actuellement par les seigneurs. Et aussi, sur les aléas concernant le Patron, la vie dans la Seigneurie de Tressan, avant que ne vint déjà l'heure de débarquer : le nord de l'ile était en vue, bientôt, ils allaient accoster.
Et c'est une shamane à la chevelure d'un blanc opalescent, tirant sur les reflet bleuâtres, qui avait reposé sur le nord de l'ile aux survivants. |
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