[Ouvert] Un simple journal.

Citation :

J'écris rarement sur ce que je vis, ce que je ressens, excepté à une seule personne. J'ai perdu cette personne il y a quelques temps déjà, mon cœur s'est fendu comme un verre tombé sur le carrelage.
Ma tête me dit souvent de fuir, d'oublier, de tourner la page mais ce maudit cœur palpite toujours de ses restes éparpillés pour cette personne.

Il était mon premier vrai amour en ce monde. Le fé dont j'étais tombée amoureuse étant jeune n'était qu'un spasme dans une vie éternelle. J'ai aimé comme je n'ai jamais aimé, jamais ressenti tant de bonheur et de joie et puis une autre sorte de voile s'est posé sur moi. J'ai essayé de garder le cap, de survivre pour mes enfants, je me suis brûlée les ailes mais je tiens encore debout.
J'aimerais qu'il soit encore celui que j'ai rencontré la première fois, cet homme drôle, léger et plaisant. Mais j'ignore pourquoi, il a tout détruit. Il a détruit notre relation, ses amitiés,...
Est-ce le vrai lui? Je ne peux y croire, même moi je ne suis plus la fée noire de jadis. Nous pouvons tous un jour ou l'autre en venir à changer, évoluer. Bien sûr, si nous avons bon ou mauvais caractère cela ne changera pas mais la vision, les envies, les désirs, les façon de faire sont autant d'éléments qui se façonnent à la lumière de l'expérience, du vécu et au contact des autres.
La seule chose que nos êtres réclament, c'est l'équilibre, la balance entre l'ombre et la lumière. Car ces histoires de vertus et de vices sont de belles conneries. Personne n'est entièrement mauvais ou entièrement bon, c'est se voiler (ironie du mot) la face.

Je garde l'espoir fou de retrouver celui que j'ai aimé, celui qui me retiens encore en partie en Menoch. J'ignore s'il existe encore, s'il peut encore être ce souriant jeune homme à la carrure de séducteur à deux pièces.

Je ne pense pas pouvoir redevenir ce que j'étais, les conséquences en seraient tellement dramatiques. Ce monde n'a pas besoin des Perce-Tympans dans leur forme d'origine, ce monde, nous crucifierait sur l'autel des bonnes intentions et du "Pour le bien de tous". Mon royaume me manque tellement, mes sœurs, mes frères, mes parents... Je ne peux que continuer de croire que je peux au moins sauver ma famille.

Et si je ne le peux... Je ne veux même pas y penser.

Citation :

Élever un enfant humain, autant dire nager dans l'inconnu pour une fée.
Lui parler, jouer avec lui, faire des bruits bizarres, l'éveiller, ce sont les conseils de Siv et Davarion. Je dois me concentrer plus sur Firas, savoir qu'il est plus dépendant de moi que le sont ma petite Maryel et son frère Nishant.
C'est tellement compliqué, parfois cela me dépasse.
Une épreuve de plus, mes premiers enfants, mon premier fils humain et le tout presque en solitaire. Mes soeurs abandonnaient leur progéniture en forêt et ne revenait que les plus forts et les plus ingénieux. Nous ne faisions pas cas de la mort probable des autres enfants car nous n'avions avec eux aucun attachement. Ils naissaient et la forêt obscure décidait de leur sort.

Le peuple humain protège ses enfants, les garde auprès de lui, les aime et les élève.
Suis-je capable de ressentir ce qu'ils ressentent? Suis-je capable de m'approcher de l'humanité à ce point?

J'ai beaucoup changé depuis mon arrivée en Menoch, j'ai été réinventée, revue et corrigée. Est-ce le dessin de l'auteur de faire de moi un être dépassant le cauchemar et la morale sous sa forme la plus punitive?
J'espère qu'un jour je le rencontrerais pour qu'il m'explique ce que je suis, ce qu'il veut que je sois et pourquoi il m'a emmenée en Menoch.

Citation :

Demain, c'est mon anniversaire, quelle ironie. Je suis inquiète, je tourne en rond, le sommeil me terrifie et l'avenir aussi. Parfois je rêve, je me vois, enfin mes deux moi. La fée noire et toute sa sauvagerie et une autre Sarasvati, celle que l'on côtoie chaque jour, celle qui a forme humaine. Je les vois se battre, s'entre-déchirer, se nuire l'une à l'autre brisant tout sur leur passage comme un équilibre rompu. La belle et la bête, la dualité de mon existence même. J'ai peur bien souvent mais il est exclus de l'admettre, d'avouer que je suis perdue, que je ne sais plus où j'en suis. Certaines choses me semblent stables et je m'y raccroche. Mes enfants sont ma joie, ils sauront me succéder, me remplacer le moment venu. Ils sont forts et déjà je sens pour eux un avenir plein de promesses malgré des épreuves qu'ils devront passer.

J'aime mes amis, les nouveaux comme les anciens, peut-être ne le sauront-ils jamais. J'aurais pu avoir une vie facile, de paix et de bonheur mais je m'évertue toujours à tout gâcher dans un élan d'auto-destruction. Pourquoi? Je l'ignore. Je dois encore réfléchir, trouver une nouvelle voie peut-être? En attendant, je laisserais le temps faire son office et m'apporter les réponses dont j'ai besoin.

Elle avait gribouillé une note dans son journal, puis elle l'avait en fait abandonné sur le lit qu'elle partageait avec Sethlim. Un dernier regard fiévreux sur cette chambre dont la porte n'avait pas de clé puis elle partit simplement.

Citation :

Se reposer... Nourrir la terre... Trouver la paix... chez moi.

Elle avait reprit son journal en main une fois rentrée à l'auberge et puis elle avait rit, rit et rit jusqu'à en pleurer. Elle avait écrit des mots tremblants sous l'effet de l'alcool.

Citation :

Des mots, des mots, des mots,... Comédie ridicule, roman idiot. Tout cela n'a pas de sens, rien n'a de sens, tout est vain. Ridicule, ridicule. Peut-être as-tu la vraie voie aristocrate fou, savant des songes, violette déjantée. Si tu pouvais revenir nous irions savourer l'ivresse de l'absurdité, perdu dans les limbes des fragments d'esprit. Il est partit le soleil comme l'eau glisse sur les toits, fuyant les hauteurs. Aucun sens, ridiculement insensé.

Au bord d'un lac sur les hauteurs, elle avait ouvert son journal pour écrire, gardant sa bouteille de vin pas loin.

Citation :

Il est des colères qu'on arrive pas à effacer même en aimant sincèrement l'autre. Il est des trahison qu'on n'arrive pas à pardonner... surtout si c'est un être aimé qui détruit un autre être apprécié. La jalousie est idiote, l’orgueil, le racisme, le mensonge aussi et ne parlons pas de l'entêtement, de l'abus de pouvoir et de la vanité. En fait, j'aurais aimé que la forêt m'absorbe et que j'oublie la mesquinerie humaine pour toujours. Mais hélas, je suis toujours là, prisonnière de ce monde. Ne pourrais-tu pas tomber pluie argentée que ma peine et ma rage s'en aille avec toi?


Quelle folie tu as faites, papillon de nuit, de succomber à la flamme d'un humain.