Un pli pour Odile

Citation :

Odile, mes saluts à toi

Je t'écris pour prendre des nouvelles. Je tente de passer plus régulièrement, mais, avec le tumulte qu'offre le monde, ma présence ne peut être un absolu.

Bien que je ne remette en cause ni l'amour, ni le soin que tu porte pour le trio d'enfant, ni de ta part, ni celui de celle de ta compagne, je comprend qu'il puisse t'arriver d'être dépassée. De fait, il me faut te poser quelques questions, et te poser une requête.

J'aimerais qu'il soit possible pour plusieurs personnes, de visiter les enfants. Ne dit-on pas, que pour prendre soin de petits, il faut tout un village? Ainsi, j'aimerais poser requête pour Khejri, ayant affinité toute spéciale avec Maryel. Ivory, qui elle l'a tissée avec Nishant. Mais aussi Aethyr, une veilleur dévouée de l'Arcaneum, et Rana, une mage experte qui pourrait jauger, du moins en partie, l'étendue des pouvoirs des enfants féériques. Je ne te cacherai pas que l'Arcaneum s'est intéressé de près aux enfants nés de l'union atypique, d'une fée et d'un homme, car il s'agit là pour moult d'entre nous, de jamais vu jusqu'alors. En bien des cas, surtout pour circonscrire les limites de leurs pouvoirs et de la magie féérique, ils demeurent mystère encore à comprendre.

Il me faut aussi savoir :

-Qu'as-tu pu relever de spécifique à Maryel, en matière de pouvoir (avec recension des phénomènes et incidents)
-Qu'as-tu pu relever de spécifique à Nishant, en matière de pouvoir (avec recension des phénomènes et incidents)
-Outre la fuite de Nishant, saurais-tu lister les moments où ces pouvoirs auraient pu te dépasser
-Comment interagissent les enfants entre eux (incluant l'enfant humain)
-Qu'est-ce qui stimule, ou calme, chacun des enfants (incluant l'enfant humain)
-De quoi penses-tu avoir besoin afin de continuer à poursuivre ton mandat de protection, de garde et de soin du trio d'enfants
-À titre de père, que préconiserais-tu à Sethlim de faire, afin de t'épauler, dans le soin des enfants

Je prendrai tout le détail dont tu pourras me faire grâce. Et repasserai, prochainement, pour voir les enfants.

Siv.

La nourrice avait été surprise du pli et quelque peu déconcertée puis elle avait fini par répondre.

Citation :

Madame Siv,

Je serais d'accord pour un coup de main avec les enfants mais je crois sincèrement qu'il faut l'accord de leur père, même si sa dernière visite s'est soldée par les cris stridents du petit Nishant.

Pour vos questions :
En ce qui concerne la petite Maryel, son affinité avec la magie est effrayante. Elle fait voler régulièrement des choses dans la cuisine. Notamment de la nourriture quand je ne la lui apporte pas assez vite. Depuis le retour de son petit frère, elle ne lâche ni Nishant, ni Firas, ses petites mains sont agrippées à leur poignet. Maryel se montre plus protectrice envers ses frères depuis peu, on dirait presque qu'elle a changé... mais c'est impossible.

Le petit Nishant n'est plus aussi souriant qu'au début de mon travail de garde. Il est assez bougon, il pleure souvent, il refuse parfois la nourriture que je lui offre. Heureusement que je peux encore compter sur son amour inconditionnel du miel pour qu'il se nourrisse.

J'assiste régulièrement à de longs échanges de regards venant des jumeaux, c'est étonnant comment de si jeunes enfants peuvent avoir l'air si grave et si songeur.

Quand les pleurs deviennent trop incessant, même quand ils ont été changés, baignés et nourrit, je met en route le carillon fait de petits papillons que madame Sarasvati leur a fabriqué. Pour Maryel, lui prêter un bracelet est toujours efficace et pour Firas, un câlin peut l'apaiser ainsi qu'une berceuse.

En ce qui concerne mes besoins, je crois qu'il est important surtout qu'on sorte ces petits de temps en temps de la cuisine et qu'on me trouve une personne capable de voler s'il advenait que l'un deux se sauve encore. Je ne suis qu'une simple humaine, n'ai rien d'une mage et je doute de pouvoir veiller sur eux efficacement indéfiniment.
Ils sont adorables, c'est certain, mais je m'inquiète souvent quand à la limite de leur capacité.
Pensez-vous que leurs pouvoirs sont au maximum ou dois-je craindre le pire?


Odile.

Citation :

Odile, mes saluts,

Je te remercie, du fond du coeur, pour tous tes renseignements précieux. Concernant ma requête, il va de soi que Sethlim n'en est pas laissé dans l'ignorance. Et, que je m'assurerai qu'il te fasse parvenir autorisation écrite, pour corroborer la légitimité de ma demande.

J'ai sincère envie de te rassurer, mais pour la paix d'esprit je ne peux pas pour autant ni sacrifier ni mon intégrité, ni ma franchise.

Il se peut, que l'état des fées évolue, que leurs pouvoirs croissent exponentiellement. La magie féérique a des limites floues, et de la voir déployée si tôt, en des vies si jeunes, est à la fois impressionnant et, faut-il dire, un peu alarmant. Mais, Sarasvati l'a dit, les membres de son peuple croissent vite, et de fait je pense que les jeunes fées auront limité leur croissance de corps, par gêne de ce que pourrait penser leur père, ou d'autres. Le songe, son construit ou sa restriction, semble façonner en tout ce qu'il sont. Restriction serait levée, peut-être seraient-ils jeunes gens, leurs propres maitres, à cette heure.

Chose sûre, par contre, le statut quo ne convient plus. Je peux passer, mais ne peux assurer présence constante. Il en irait de même de Rana, qui est certes mage d'expérience et entretient une curiosité certaine envers le pouvoir des enfants. Mais cependant, nous ne pouvons assurer une permanence compte tenu de nos autres obligations. J'envisage certaines choses, dont il faudra convenir bien sûr avec Sethlim avant tout. Bien que des présences multiples peuvent aider, il faudra peut-être considérer de laisser les jeunes fées en charge d'un précepteur capable de magie, et de polymorphie, de façon constante. Peut-être, aussi, faudra-t-il les laisser construire leur songe. Croitre, comme elles l'entendent, se faire égales, à ce qu'elles sont capables. Que leurs pouvoirs se réalisent normalement, sans être confinées, à l'apparat de la prime enfance, à la fragilité de leurs enveloppes maintenue délibérément. Les peurs de Sethlim, les impératifs de Sarasvati, sont avant tout ce qui les contiennent. Quant à Firas, il n'est qu'un petit homme, il aurait bien droit, lui-même, de croitre ainsi qu'un enfant normal de sa trempe, au rythme que la nature ordonne, avec tout le soin, tout l'amour, qu'un petit garçon mérite. Et en cela, à titre de nourrice d'expérience, tu es bien ferrée et a toute ma confiance.

Siv.