[Ouvert] Rejeté par les vagues

Messages : 147 Date d'inscription : 26/01/2017 Age : 39 Localisation : France

Sentir le sable crisser sous des pieds nus, tourner la tête devant la puissance du vent marin qui hurle et coupe le souffle des imprudents qui osent le braver de face. Etre assourdie par le grondement tonitruant des vagues d'automne et sentir le goût du sel sur ses lèvres. C'était ca le bonheur ! Ça lui avait manqué.

Voilà des semaines que la serveuse du Hall s'était privée de ces sensations. Par peur. Peur des monstres, imaginaires ou tristement bien réels. Peur de l'inquiétude de ses proches... Sud'ile était effrayante quand on y pensait trop, on partageait ce bout de terre avec bien trop de choses dangereuses.

Mais aujourd'hui elle avait retrouvé un peu de confiance. "Je ne vais pas loin" s'était elle dit "Je vais juste jeter quelques galets et je reviens".

Promesse d'ivrogne bien sûr. La courte visite sur la plage s'était transformée en longue promenade au cours de laquelle elle avait ramassé des coquillages, choisi et jeté quelques beaux galets pour faire des ricochets (Pas terrible quand la mer était aussi agitée ... ou alors elle perdait la main faute d’entraînement ? ). Elle avait pêché des couteaux en mettant un peu de sel au dessus de leurs trous et s'était régalé de les manger crus, lavés à l'eau de mer.

Jusqu'au moment où elle vit l'homme allongé sur le ventre, encroûté de sable et les pieds léchés par des vagues en bout de course qui refluaient lentement avec la marée descendante. Des mouettes curieuses s'agglutinaient déjà non loin, se demandant quel repas il y aurait à tirer de cette drôle de carcasse rejetée par l'océan.

Il y a quelques mois encore elle se serait précipité sans réfléchir pour lui porter secours ! (Ou lui piquer ses bottes si il n'y avait plus d'espoir pour que le malheureux s'en serve un jour. Une Ansgare, même bienveillante, restait quelqu'un de pragmatique, pas le genre de la maison de jeter une belle paire de bottes).

Consciente aujourd'hui des dangers de ce monde, elle s'approche donc a tout petits pas incertains, guettant après le moindre mouvement en tendant le cou. Elle avait ramassé un morceau de bois flotté, aussi long qu'elle avait pu en dénicher et elle finit par toucher le corps avec la pointe de l'objet, prête à déguerpir si jamais il s'agissait d'une nouvelle monstruosité.

**Poc poc**

Première constatation : c'était un homme. Plutôt grand. Ce qu'elle avait pris pour un gros paquet d'algues était en fait une chevelure verte, emmelée et encroutées de sable. Elle n'en voyait pas encore le visage. Et il ne portait pas de bottes. Un fait qu'elle ne regretta pas car immédiatement elle constata qu'il avait faiblement remué après avoir été taquiné du bâton.

Il bougeait c'est qu'il était bien vivant. Le naufragé avait l'air inoffensif et en besoin d'être secouru !

Elle se débarrasse du bâton qu'elle avait gardé en mains en le lancant vers le groupe de mouettes.

"Désolée les moches, c'est pas pour aujourd'hui le repas !"

Elle attrape les bras du naufragé et le traîne plus qu'elle ne le porte sur quelques mètres, pour empêcher les vagues de le happer à nouveau. Elle le retourne sur le dos et s'enquiers de son état.

Messages : 76 Date d'inscription : 18/12/2016

Au-travers du sable et en partie à cause de lui, sa peau de nacre a ce caractère collant de l’eau de mer qui n’a pas encore complètement séchée. Même considérant sa stature plus que respectable, il est lourd pour son gabarit, mais il est connu que l’adrénaline des gens portant secours à d’autres décuple leur force et leur permet des actes autrement difficiles.

Il remuait faiblement, oui, de cette légère agitation de la cage thoracique de quelqu’un qui respire avec labeur. Ce fait n’en fut que plus évident une fois qu’il fût retourné sur le dos, chaque inspiration peinée se terminant dans un espèce de glougloutement. Le court voyage sur le sable et les possibles démêlés pour le retourner n’ont pas suffi à lui faire reprendre conscience, et on peut se dire que c’est peut-être une petite bénédiction, parce qu’il se serait probablement étouffé à vouloir respirer consciemment.

Sa chevelure verte, luxuriante et emmêlée, pleine de sable, facilement confondue avec un tas de d’algues, avait une comparse de moindre envergure mais de même couleur au bas du visage de l’homme. Quoique si on s’attardait trop à regarder le faciès un peu angulaire, aux pommettes saillantes et oreilles pointues, on pouvait légitimement se poser la question si les traits n’étaient pas plutôt féminins, en dépit de la barbe et du torse musclé.

Messages : 147 Date d'inscription : 26/01/2017 Age : 39 Localisation : France

Agenouillée dans le sable près du noyé, elle essaye de se rappeler à toute vitesse ce que sa famille lui avait appris sur la noyade. Au même titre que savoir recoudre une estafilade faite au couteau, on enseignait souvent aux jeunes Ansgars les manières de sauver quelqu'un de la mer. L'un comme l'autre s’avérait toujours utile tôt ou tard !

Bon il respire. Très bien ! Il est inconscient ... pas bien ! Est-ce qu'il a la peau bleue et froide ... ?

Elle regarde et fait une grimace. Il / elle ressemblait à tout sauf à un humain. Faute de pouvoir juger d'un coup d'oeil, elle pose le dos de la main sur sa joue pour juger de sa température.

Il est glacé !

Elle se hâte de le tourner de côté, le mettant dans une position où il ne risquera pas de s’étouffer s'il vient à recracher de l'eau. Elle retire sa grande cape en laine et le recouvre avec.

Une fois cela fait, elle a une hésitation.

Bon ... et maintenant ... Que faire ... ? Il est pour l'instant sauf mais il épuisé, glacé et a probablement avalé beaucoup d'eau. Après avoir tergiversé un moment, hésité en plusieurs solutions, elle finit par l'abandonner là et courir en direction de la colonie, cherchant après de l'aide. Au centre de soin ?? Ghanima saurait sans doutes l'aider, au moins à le transporter jusqu'à un lit chaud ! A moins qu'elle n'ait la chance de rencontrer une autre bonne âme en chemin qui lui porterait assistance pour sauver le naufragé.

Spoiler:

Messages : 999 Date d'inscription : 15/01/2016

C'était ironiquement en quête d'eau que la shamane avait émergé hors de l'Éclipse, un peu blême encore de la nuit dernière. Il n'avait fallu qu'un demi pichet d'hydromel pour lui donner mal aux cheveux : c'était ce qu'on méritait, sans doute, que de lever le coude une fois l'an tout au plus...

La vision de Greta tractant le pauvre bougre à distance avait cependant suffi à faire passer sa soif : en voilà un qui avait bu plus que son content... Plissant les yeux, elle la vit à renoncer à son fardeau, pour courir vers le centre de soin voisin.

Elle irait alors vers elle, et l'homme affalé, laissé là dans la distance. Autant que possible, elle chercherait à l'aider à ramener l'homme au centre de soin, prenant forme ursine si cela s'avérait nécessaire, donnant lieu à un portrait peu orthodoxe, d'une gamine et d'un ours d'un bleu opalescent portant comme elles pouvaient le presque-noyé aux allures féériques. Ghanima, sans doute, les voyant faire irruption, ferait une drôle de tête. D'autres, sans doutes, auraient pu voir leur curieux manège, et auraient bien pu s'inviter, qui pour aider, qui pour en jauger de la curiosité.

Une fois installé dans un lit du centre, la shamane, forme ursine en moins, ferait l'examen du concerné.

-Bon ce ne sera pas gai... Et ce n'est pas du registre de l'extraordinaire ni de l'ésotérique... Mais comme il respire encore, la solution pour lui faire recracher l'eau qu'il a dans les poumons -le râle, vois-tu, laisse bien savoir qu'il en est encore gorgé-, c'est de l'asseoir, de taper dans le dos...

Messages : 147 Date d'inscription : 26/01/2017 Age : 39 Localisation : France

Evidemment, la jeune fille avait été ravie de tomber sur Siv et s'était volontiers laisser guider quant à la marche à suivre ! Elle savait que le naufragé venait de passer entre de bonnes mains ! Même si elle était secrètement satisfaite d'avoir tiré les mêmes conclusions que "l'experte" juste avant. Il ne lui avait manqué que la force physique pour le tracter jusqu'à un lit chaud.

Elle aida donc à le remorquer sans se faire prier, ne ménageant pas ses efforts pour l'occasion. Son âme de pêcheuse aurait du se réjouir de ramener au village une si belle prise !

Elle trompait son inquiétude pour l'inconnu de la meilleure manière qu'elle connaissait : en bavardant, bavardant, bavardant encore. Sans franchement attendre de réponse d'ailleurs.

Dites madame Siv, vous croyez que c'est un genre d'elfe des mers ou une fée ? En rapport avec les oreilles là et les cheveux verts. Parait que Aethyr s'était teint les cheveux en vert à l'époque, une période rebelle. Je sais pas à quel âge on est adolescent chez une elfe en fait. Du coups un elfe avec les cheveux vert ca parait possible ... Sauf que ca ressemble pas trop à de la teinture là et y'a la barbe. (...)

Il a l'air mal hein le pauvre ? Parait que les petits oiseaux tombés du nid faut pas les ramasser, mais j'imagine que les elfes-trucs des mers c'est pas pareil. Mais j'y pense c'est p'têtre une bête des forêts, avec des cheveux verts ? Un genre de dryade-muche des bois, pour ça que ca sait pas nager (...) Il va s'en sortir j'espère. Je lui préparerai de la soupe chaude !

Quand enfin il fut temps de l'installer dans le centre de soin et qu'il fut question de l'aider à se vider de l'eau, elle participa sans rechigner. S'occupant de l'aider à tenir assis ou tenant sa tête et la bassine d'eau, selon les besoins et suivant les instructions données tant par Siv que par Ghanima.

Messages : 999 Date d'inscription : 15/01/2016

Siv prêtait la majorité de son attention au naufragé, appliquant, aidée de Greta, les efforts nécessaires pour le faire évacuer ce qui le faisait étouffer. Suivant cela, elle eut l'incantation "Olorisstra". Un petit don d'énergie vitale ne pouvait nuire, lorsqu'on était si affaibli... Cela aiderait sans doute sa récupération. Elle ne répondrait enfin, comme après réflexion, qu'une fois le patient pris en charge.

-Ce serait curieux, qu'il vienne des eaux, et aboutisse à terre pratiquement noyé. Mais si... les dryades de cette ile lui ressemblent un peu, elles semblaient plus près des fées par nature que les dryades du continent. Je doute aussi qu'il s'agisse d'une teinture, plutôt une réponse à une nature particulière... Mais, il nous dira tout ça en s'éveillant. Ce serait une bonne idée, que de prévoir la soupe pour son réveil. Ghanima a des plaques chaudes pour ses préparations de mixtures, il peut reprendre conscience à tout moment : à l'instant comme dans une heure, ou plus.... Ce serait dommage de rater ça... mais entretemps il vaut sans doute mieux le laisser récupérer, et mieux vaut avoir de quoi faire en l'attente.

Messages : 147 Date d'inscription : 26/01/2017 Age : 39 Localisation : France

Il n'en faut pas plus pour que Greta file chercher le nécessaire, finissant par ramener un gros bol de bouillon bien gras qu'elle laisserait donc sur un petit réchaud.

Elle en profite pour ramener aussi une bonne grosse couverture en laine "parce que celles du centre de soin sont jamais assez chaudes", un gros édredon et des vêtements propres et secs, peut être un peu trop larges pour lui mais ca fera l'affaire.

De toutes façons quand on finit à moitié nu rejeté par la plage après un naufrage, on est généralement pas trop regardant sur les vêtements qu'on nous offre. Elle en savait quelque chose !

Et sans doutes, faute d'avoir toute la journée à attendre, elle dut repartir vaquer à ses tâches quotidiennes, non sans de temps en temps passer pour venir aux nouvelles, interrogeant Ghanima sur la santé de cet étrange poisson.

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